Plein les yeux et les oreilles

"Je dis que l’effet des formes architecturales a une influence quasi tactile sur la qualité de la musique ou du spectacle qui s’y jouent."

Iannis Xenakis

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Bonjour,
Aujourd'hui : "Plein les yeux et les oreilles"
Où l’on imagine une œuvre d’art qui déplaît aux voisins.

1978, Paris. Un curieux petit édifice rouge fait son apparition sur l'esplanade du tout nouveau Centre Pompidou. Sa structure étrange intrigue, mais pas autant que les flashs lumineux et les sons qui s'en échappent…

Derrière ce pavillon, baptisé Diatope, se trouve l'architecte et compositeur Iannis Xenakis. Et concevoir cette installation artistique, qui mêle architecture, musique et projections lumineuses, n'a pas été de tout repos !

Iannis Xenakis, Diatope de Beaubourg, Paris, 1978, photo : © Pascal Dusapin
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En effet, à l'origine, Xenakis avait vu les choses en très grand : il souhaitait relier les monuments de Paris par des lasers, et diffuser sa musique grâce aux sirènes d'alerte de la ville. Une idée qui ne plaît pas beaucoup à la municipalité...

Il propose ensuite d'immenses projections son et lumière sur la façade du Centre Pompidou et sur les immeubles environnants. C'est encore un refus catégorique, venant cette fois du voisinage. Xenakis s'adapte et imagine finalement un pavillon éphémère.

Iannis Xenakis sous le puits de lumière de la chapelle du couvent de la Tourette, Eveux, 1990, photographie, photo : © Collection Famille Iannis Xenakis, DR
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L'œuvre reste d'une grande ambition, et innove dans tous les domaines. En architecture tout d’abord : ancien collaborateur de Le Corbusier, Xenakis est également mathématicien. Sa structure est composée de trois "paraboloïdes hyperboliques", des formes idéales selon lui pour l'acoustique et la mise en valeur de ses projections de lasers et de flashs.

Iannis Xenakis, Diatope de Beaubourg, 1975, lithographie numérotée et signée, photo : © Collection Famille Iannis Xenakis, DR
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Ces projections sont reflétées par 400 miroirs pivotants, qui immergent les visiteurs dans un spectacle lumineux absolument inédit. Pour parachever cette expérience sensorielle, Xenakis compose La Légende d’Eer, considérée comme l'un des chefs-d’œuvre de la musique électroacoustique, qui est diffusée sur différents haut-parleurs.

Pour écouter La Légende d’Eer, 1977 (vidéo)
Iannis Xenakis en concert au festival de Chiraz-Persépolis, Iran, 1971, photographie, photo : © Malie Letrange

Les visiteurs sont invités à s'allonger pour profiter pleinement de l'œuvre, ce qui est, là aussi, plutôt nouveau !

Aujourd'hui, il ne reste malheureusement rien de la structure. Seules quelques photos permettent de donner une idée de l'ambiance unique de cette œuvre, au croisement de tous les arts.

Lumières du Diatope de Beaubourg, paris, 1977, photographie, photo : © Iannis Xenakis, Collection Famille Iannis Xenakis, DR
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Pour en savoir plus :

Personnalité hors du commun et génial touche-à-tout, Iannis Xenakis est né il y a tout pile 100 ans. L'occasion pour la Philharmonie de Paris de lui consacrer une passionnante exposition, visible jusqu’au 26 juin.

Très immersive, l'exposition détaille toutes les facettes de ce fascinant pionnier et présente une réinterprétation exceptionnelle du fameux Diatope de Beaubourg. On pourra y entendre La Légende d'Eer et admirer une installation lumineuse du studio d'art numérique ExperiensS spécialement conçue pour l'occasion !