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Laissez parler les p'tits papiers

Où l'on découvre que le recyclage, c'est tout un art.

Pierre Alechinsky à l'imprimerie Clot, Bramsen et Georges, Paris, 1972 © Christian Gibey 

Nous sommes au début des années 1950. Pierre Alechinsky vient de terminer des études de typographie à Bruxelles, sa ville natale, et se lance dans une carrière de peintre en France. 

De Saint-Ouen à Aix-en-Provence, il se met à écumer les marchés aux puces, les arrière-boutiques des libraires ou encore les greniers des notaires à la recherche de vieux papiers. 
Lettres intimes ou officielles, cartes géographiques obsolètes, actes notariés, pages tombées d'ouvrages divers, factures oubliées… Sa collection s'étoffe au gré de ses trouvailles. Mais que compte-t-il faire de tous ces "rescapés de la paperasse", comme il les appelle tendrement ?

Eh bien, il ne va pas tarder à leur donner une seconde vie… artistique ! Oui, car Alechinsky s'en sert comme support pour créer de nouvelles œuvres dessinées, peintes ou gravées. Bien sûr, l'artiste prête une grande attention à la texture, à la couleur et à la résistance de ces feuilles qui lui servent de toiles. 

Mais ce qui y est inscrit l'intéresse tout autant. Il aime justement travailler à partir de ce qui existe déjà, "collaborer" avec les auteurs anonymes de ces documents, en détourner le sens avec humour et poésie.

Pierre Alechinsky et Jean Tardieu, Le miroir ébloui, 1993, eau-forte sur vieilles écritures, 21 x 14 cm © Pierre Alechinsky
Découvrir les œuvres sur papier d'Alechinsky à Alès

Pierre Alechinsky, La première heure, 1968-1974, peinture à l'acrylique, dans la prédelle : 5 encres sur tapuscrits de Michel Butor © Pierre Alechinsky
Cliquez pour agrandir 

Les planches d'un manuel de botanique du 18e siècle se muent ainsi en créatures fantastiques en quelques traits à l'encre de Chine, tandis que de vieux titres boursiers reprennent de la valeur grâce à ses coups de pinceau.  
Quant aux tapuscrits (comme des manuscrits, mais tapés à la machine) de l'un de ses amis écrivains, Alechinsky les orne de ses dessins et les dispose comme des vignettes sous une peinture colorée.

Cela devient même sa marque de fabrique : les "remarques marginales". Une expression empruntée au jargon de la typographie… comme en souvenir de ses études !

Pierre Alechinsky, Flora Danica (série), 1988, encre de Chine sur papier ancien © Pierre Alechinsky

Sur le papier...

Vous êtes dans le Gard cet été ? Alors filez à Alès, et plus précisément au Musée-Bibliothèque Pierre André Benoit, pour admirer de vos propres yeux le travail de Pierre Alechinsky.

L'artiste, grand ami du fondateur de ce musée unique en son genre, a lui-même sélectionné dans ses archives quelque 200 œuvres sur papier pour cette exposition, dont certaines sont montrées pour la toute première fois !

Et non loin du Musée-Bibliothèque PAB, des affiches et autres créations de l'artiste s'inviteront aussi à la médiathèque et dans les archives municipales d'Alès. À ne pas louper pour tous les amateurs de ce grand nom de l'art contemporain...
DÉCOUVRIR L'EXPOSITION

"Je suis un peintre qui vient de l'imprimerie." Pierre Alechinsky 

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