Les hommes et femmes du Moyen Âge sont des gens sales et peu portés sur l’hygiène… Cette idée reçue particulièrement tenace continue à circuler ! Pourtant, à cette époque, on ne rigole pas avec la propreté.
Pour preuve, cet objet étrange en forme de cheval. Sur le poitrail de l’animal se trouve une sorte de petit robinet. Produit largement du 12e au 15e siècle en Europe, cet objet s’appelleun aquamanile, du latin aqua, "eau", et manus, "main".
Comme son nom l’indique, il sert donc… à se laver les mains ! La forme est très inventive : l’eau est insérée par un trou au sommet de la tête, et ressort par le petit robinet.
Si on ne plaisante pas avec la propreté des mains, c’est parce qu’elle est synonyme de pureté morale et spirituelle dans une époque très religieuse. Par exemple, avant de rompre l’hostie, considérée comme étant le corps du Christ, un prêtre se lave les mains en prononçant un psaume en latin que l’on pourrait traduire par "Je lave mes mains en signe d’innocence pour approcher de ton autel, Seigneur".
Mais l’invention de l’aquamanile répond aussi à un besoin bien plus pragmatique : à l'époque, on ne se sert pas toujours de couverts. Il faut manger avec les doigts et partager les plats. Mieux vaut que tout le monde ait les mains propres !
Pour les seigneurs les plus raffinés, il est donc du meilleur effet d’offrir de quoi se laver les mains avant un repas. Et autant que ces ustensiles soient plaisants à l'œil ! Rivalisant de détails habiles, ces objets décoratifs d'exception prennent souvent la forme de chevaux ou de cavaliers. Mais l'on trouve également des aquamaniles en formede centaure, de licorne ou de sirène.
Un autre motif populaire représente même le philosophe antique Aristote chevauché par une jeune femme, exprimant l'idée que l'amour nous fait perdre la raison... De toute évidence, nos ancêtres avaient le sens de l'humour, outre celui de l'hygiène !
Aquamanile d'Aristote et Phyllis d'origine hollandaise, fin du 14e ou début du 15e siècle, 32 cm x 39 cm, Metropolitan Museum of Art, New York