2021. L’artiste Guillaume Aubry vient d’imprimer une image éclatante. Sur la feuille de papier se déploie un dégradé de couleurs chaudes parcouru de quelques volutes. S’agit-il de la planète Mars ? Ou au contraire d’un aperçu de l’infiniment petit, capté au microscope ? Ni l’un, ni l’autre, il s’agit ici d’une photographie… de l’intérieur d’un verre à cocktail !
Et pas n’importe quel cocktail, puisque celui-ci a été imaginé sur commande de l’artiste par le mixologue Sterling Hudson.
Avec pour consigne d’évoquer avec cette boisson une sensation insaisissable : celle qu’évoque le spectacle d’un coucher de soleil. Pourquoi cette idée ?
Depuis plusieurs années, Guillaume Aubry est fasciné par les couchers de soleil, qu’il explore sous tous les angles. En 2016, par exemple, l’artiste se munit d’un œuf cru, qu’il casse sur une carte postale paradisiaque. Le résultat, qui ressemble à un heureux accident, constitue une amusante "tentative pour imiter le coucher du soleil".
Deux ans plus tard, il se tatoue les lettres "SNRS SNST". Dans le langage international de l'aviation, ces acronymes signifient sunrise et sunset (le lever et le coucher du soleil en français). Une manière de graver son obsession dans sa peau ! En 2021 enfin, l’artiste s’attaque à une étrange problématique : comment boire un coucher de soleil ?
Pour y répondre, Guillaume Aubry s’associe à un mixologue qui propose douze cocktails inédits. En en approchant son objectif de très près, l’artiste réalise une série de photographies dont les tons varient du rouge carmin au jaune d’or, puis les imprime en risographie.
Cette technique de reproduction, qui repose sur la superposition de couches de couleurs directes (et non pas de mélanges de couleurs), permet en effet d’obtenir des tons particulièrement vifs.
Il ne reste plus à l’artiste qu’à les habiller d’un cadre circulaire : ces images de cocktails ressemblent maintenant à l’astre qui les a inspirées. L’infiniment grand et l’infiniment petit se rencontrent, la boucle est bouclée !
"Le soleil nʼa de spectateur que quand il sʼéclipse." Sénèque
En savoir plus
Rien d’étonnant à ce que certains l’étudient sans relâche… Le soleil, source de chaleur vitale, objet d’émotion esthétique et symbole chargé de sens, fascine. C’est pourquoi le Hangar Y, à Meudon, a décidé de lui consacrer l'exposition « Prendre le soleil » jusqu’au 21 avril 2024.
Le parcours de visite fait dialoguer les scientifiques qui observent l’astre et les artistes qui s’en inspirent tantôt avec humour, tantôt avec émerveillement. Vous pourrez notamment y admirer le savoureux dégradé photographique de Guillaume Aubry de vos propres yeux. Cette balade lumineuse vous tente ? Rendez-vous par ici pour planifier votre visite !
Racontée en partenariat avec le Hangar Y
Jeu concours
Sur quoi a été réalisée cette œuvre de l'artiste aborigène David Malangi ?