Bienvenue à l’académie d’art de Cranbrook, dans le Michigan, aux États-Unis. En cette fin des années 1930, l’endroit est un vivier de jeunes créateurs talentueux.
Nombre d’entre eux deviendront bientôt des grands noms du design : Eames, Knoll ou encore un certain Bertoia. Italien d’origine, Arieto Bertoia se fait appeler Harry à son arrivée en Amérique alors qu’il est adolescent.
Harry a un matériau de prédilection : le métal. Si bien qu’après ses études, on lui confie l’atelier de métal de l'école.
Il crée notamment des bijoux et réalise ainsi les alliances de deux camarades de Cranbrook qui se marient : Charles et Ray Eames.
Quelques années plus tard, Bertoia rejoint d’ailleurs le couple en Californie pour concevoir des meubles. C’est au cours de cette collaboration qu’il perfectionne sa technique de soudure, qui lui sera bien utile pour la suite !
Car sa coopération avec les Eames prend rapidement fin, et pas forcément en très bons termes…
Mais peu de temps après, voilà qu’une autre ancienne de Cranbrook - encore ! - fait appel à lui. Florence Knoll donne carte blanche à Bertoia : il dispose d’un studio au sein de son entreprise de fabrication de mobilier, et d’une totale liberté.
Résultat, en 1952, Knoll sort une collection de sièges imaginés par Bertoia, dont le fauteuil Diamond. Ce sont des structures légères faites de fils de métal soudés comme en grillage.
"Si vous regardez ces sièges, ils sont faits principalement d'air, comme une sculpture. Ils sont traversés par l'espace", dit le designer lui-même.
Seul hic : les Eames attaquent Knoll et Bertoia pour ce design trop similaire à l’un des leurs, qu’ils ont breveté. Bertoia est donc obligé d’apporter quelques modifications à son diamant brut.
Mais cela n’empêche pas la pièce de devenir iconique. Elle connaît un tel succès commercial que l’artiste peut consacrer le reste de sa vie à la sculpture, sa véritable passion. Mais toujours en métal, bien entendu !
"Vous passez par toutes ces émotions - joie, souffrance, bonheur, chagrin - et si vous avez un peu de métal dans les mains à ce moment-là, eh bien vous le façonnez." Harry Bertoia