Où l’on rencontre une artiste dont le talent est loin d’être miniature.
Anonyme, Visite de Sarah Biffin à la foire de Bury St Edmunds, 1810, aquarelle sur papier
1808, Angleterre. Au cœur d’une foire, le comte de Morton prend la pose, le visage fermé. Il est sceptique : la jeune Sarah Biffin, née sans bras ni jambes, va-t-elle réussir à faire son portrait en format miniature ? Devant lui, l’artiste, déterminée, saisit son pinceau avec les dents et débute son travail. Elle ignore alors que cette œuvre va changer sa vie !
En effet, jusque-là, Sarah Biffin n’a pas eu beaucoup d’opportunités... Issue d’une famille pauvre et privée de ses membres en raison d’une malformation, elle a vu beaucoup de portes se fermer devant elle.
La jeune femme n’a jamais renoncé : elle a appris à coudre, dessiner et peindre seule, en adaptant des outils qu’elle tient dans sa bouche.
Ce sont ces talents qu’elle montre désormais dans les foires. Hélas, à l’époque, ces événements sont surtout l’occasion de se moquer des personnes au corps différent. Sarah Biffin y est donc exhibée comme une "Merveille du monde". Un forain peu scrupuleux vend même ses autographes sans presque rien lui reverser...
Sarah Biffin, Autoportrait, 1821, aquarelle sur ivoire. Photo : Philip Mould & Co, Sotheby's
Sarah Biffin, Étude de plumes, 1812, aquarelle sur papier. Photo : Courtesy of Sotheby's, Philip Mould & Company
C’est ainsi que le comte de Morton fait sa connaissance. Après quelques heures de pose, il est stupéfait : son portrait est très ressemblant. Il propose alors à Biffin de devenir son mécène. À la clé ? Une installation à Londres et des cours avec les meilleurs artistes !
La jeune femme accepte sans hésiter. Les années suivantes, elle développe donc ses compétences : ses portraits réalisés en format miniature (à la mode à l'époque) et ses dessins sont de plus en plus détaillés.
Et ce n’est pas tout : le comte la présente à la cour et lui obtient des commandes royales. En peu de temps, Sarah Biffin devient l’une des peintres les plus célèbres d’Angleterre. Si elle est fière de son parcours et continue à signer "Peint sans les mains", elle est avant tout reconnue comme une artiste !
Sarah Biffin, Portrait de la reine Victoria, en bas "Par Madame Biffin, sans les mains", 1848, aquarelle sur papier. Photo : Courtesy of Bonhams
"Ne laissez jamais personne définir ce dont vous êtes capable en utilisant des paramètres qui ne s’appliquent pas à vous". Chuck Close
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Sarah Biffin, Portrait d'une dame en blanc anonyme, début du 19e siècle, aquarelle et crayon sur papier
Cette année, Artips s’associe à la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées qui commence ce lundi.
Il s’agit d’un moment d’échange pour s’informer et sensibiliser sur l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap.
Peut-on améliorer les dispositifs actuels? Et comment garantir une vraie égalité des chances? Autant de sujets qui nous tiennent à cœur chez Artips!