Où l’on découvre que l’amour ne prend pas de gants.
Winslow Homer, Étudiants en art et copistes au musée du Louvre, vers 1868, gravure, 23,3 x 35,2 cm, Brooklyn Museum, New York
Fin 1867. Le jeune artiste qu’on surnomme Carolus-Duran arpente le Louvre pour s’exercer en copiant les tableaux de ses illustres prédécesseurs. Alors qu’il s’adonne à sa tâche, il croise le regard d’une certaine Pauline Croizette, une peintre miniaturiste et pastelliste qui visite le musée dans le même but que lui.
Carolus-Duran, Le Baiser, 1868, huile sur toile, 92 x 91,5 cm, Palais des Beaux-Arts, Lille
C’est le coup de foudre : les deux jeunes gens tombent fous amoureux et se marient peu après. Dès lors, Pauline Croizette va sans cesse inspirer son époux et même... l’aider à percer un peu malgré elle !
En effet, Carolus-Duran met en scène son intimité amoureuse. Dans LeBaiser, il se représente en compagnie de Pauline Croizette, comme surpris dans un instant de tendresse.
Mais c’est surtout un portrait en pied de la jeune femme qui va faire sensation.
Carolus-Duran, La Dame au gant, 1869, huile sur toile, 228 x 164 cm, Musée d’Orsay, Paris (c) RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski
Rien de particulier, à première vue dans ce tableau d’apparat : Carolus-Duran met en valeur l’élégance de sa femme habillée d’une robe noire sobre qui se détache du fond gris. Avec sa coiffure sophistiquée, elle paraît rentrer chez elle. Et pourtant, son léger sourire nous indique qu’il y a plus...
Eh oui, Pauline Croizette est en train de retirer de la main droite, déjà nue, son gant gauche. L’autre est tombé à ses pieds. La jeune femme ne serait-elle pas en train de se déshabiller?
Carolus-Duran garde le mystère, se contentant de suggérer sans enfreindre les bonnes mœurs. Et au passage, il fait une véritable déclaration d’amour à sa femme: des cœurs se cachent dans la frise derrière elle.
Détail de l'œuvre
Avec ce tableau à la fois imposant et plein de vie, c’est désormais toute la bonne société parisienne qui tombe sous le charme de Carolus-Duran. Grâce à cette œuvre, sa carrière de portraitiste est lancée !
Quant à son histoire d’amour avec Pauline Croizette, elle continue aujourd’hui au musée d’Orsay où La Dame au gant garde toujours la pose.
Carolus-Duran, Portrait de Mademoiselle de Lancey, 1876, huile sur toile, 157 x 211 cm, Petit Palais, Paris
"Je vivais d'elle, par elle, pour elle ; j'aurais déjeuné de ses sourires et dîné de l'odeur de ses gants." Georges Courteline