Christophe Huet, La Grande Singerie (détails), 1737, Château de Chantilly, France
18esiècle, Paris. Les "singeries" font fureur ! Les aristocrates s'arrachent ces œuvres qui mettent en scène des primates en train de s'adonner à des activités humaines. Vers 1740, c'est au tour du peintre Chardin de s'attaquer au sujet. Il réalise un tableau humoristique où figure un singe malicieux grimé en artiste.
Rien ne manque à sa transformation! L'animal est vêtu d'une élégante redingote et coiffé d'un tricorne à plumes. Palette et pinceaux à la main, il tient une baguette qui, posée sur la toile, l'empêche de trembler.
Dans son atelier, on distingue un carton à dessin, une statuette à l'antique et une cruche d’eau pour diluer les couleurs. Difficile en revanche de reconnaître ce qu'il est en train de peindre. Serait-ce un autoportrait ? Ou bien fait-il le portrait du spectateur ? Mystère...
Avec cette œuvre, Chardin joue sur un vieux dicton médiéval, "L'art singe la nature". Mais il en profite aussi pour faire une subtile critique de ses contemporains!
Derrière l'apparente légèreté de son œuvre, Chardin se moque en fait de certains de ses confrères, ceux qui se contentent de reproduire les recettes qui marchent sans innover. Et ce n'est pas sa seule cible : l'Académie royale de peinture est aussi visée. Toujours plus stricte, elle impose alors aux jeunes peintres de se former en copiant, étape par étape, les œuvres du passé.
L'artiste semble les mettre en garde : les artistes qui ne font que "singer" les autres ne produisent que des toiles superficielles.
Clément Auguste Andrieux, Un copiste au Louvre (détail), 19e siècle, encre brune à la plume, Musée du Louvre, Paris
Le chimpanzé Congo en train de peindre, milieu du 20e siècle. Photo : DR
Deux cents ans plus tard, l'image du singe, que l'on sait désormais être notre cousin, a bien évolué. Grâce aux scientifiques, on a même découvert que cet animal peut trouver plaisir à peindre... Dans les années 1950-1960, un certain Congo a ainsi créé 400toiles abstraites.
On dirait que les singes sont bien plus créatifs que ne le pensait Chardin en son temps !
"N'imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe." Victor Hugo
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Le singe de Chardin, l'araignée de Bourgeois, les chiens d'Égypte et ceux de Pierre Bonnard, sans oublier les ânes peintres... Les animaux sont mis à l'honneur cet été au Fonds Hélène et Édouard Leclerc à Landerneau !
L'exposition "Animal!?", conçue par le commissaire Christian Alandete, nous fait traverser toute l'histoire de l'art à travers les représentations animales. De quoi explorer ce qu'elles disent des humains et de l'évolution de nos relations avec nos amies les bêtes.
Plus de 150 œuvres (de 130 artistes différents dont Chardin et le fameux Congo) vous attendent en Bretagne. Alors, à vos agendas, c'est tout l'été et jusqu'au 2 novembre !
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