Où l’on apprend que la retraite peut nous faire faire des folies.
1856. L’heure de la retraite a sonné pour le colonel Robert Smith. Le voilà qui pose ses valises à Nice après plusieurs années passées en Inde, dans le génie civil de l’armée britannique.
À Delhi, il était chargé de la restauration des bâtiments et est d’ailleurs complètement tombé sous leur charme. Tellement qu’il passe son temps à les dessiner dans ses carnets ! Alors une fois arrivé sur la Riviera, une idée lui vient…
Robert Smith, The Kila Jona Masjid, Purana Qila, Delhi, 1823, huile sur toile, 75 x 106 cm, Yale Center for British Art
Le Château Smith ou Château de l'Anglais, Nice, vers 1905. Photo : Archives Nice Côte d'Azur
En pleine effervescence de la Belle Époque, Smith se met en tête de construire sa propre villa en s’inspirant des édifices indiens qu’il admire tant.
Il achète un vaste terrain niché sur le Mont Boron, face à la mer. Les travaux peuvent commencer… et il y a du pain sur la planche !
Le colonel voit les choses en grand : il fait construire des arcades, une tour centrale crénelée, des toits en forme de bulbe qui évoquent les dômes indiens, le tout recouvert d’un enduit rosé qui imite les tons chauds orientaux. L’ensemble évoque clairement le Fort-Rougede Delhi, joyau de l’architecture du peuple moghol, un peuple d’Asie centrale installé notamment en Inde.
Le résultat, très original, s’accorde néanmoins parfaitement avec les autres villas de la côte niçoise, que l’on appelle des "folies".
Ces extravagantes demeures font leur apparition au 19e siècle, portées par l’arrivée de riches familles, souvent britanniques, venues profiter du climat favorable de la Riviera. Elles accueillent ainsi les aristocrates pour leurs villégiatures hivernales et décorent le bord de mer avec panache.
Malheureusement pour lui, Robert Smith n’aura pas l’occasion de profiter de sa villa, que l’on surnomme aujourd’hui "Le Château de l’Anglais". En effet, il décède avant la fin des travaux, qui ne durent pourtant que trois ans.
Mais le chef-d'œuvre qu'il a imaginé, lui, continue de trôner fièrement sur le littoral niçois, pour le plus grand plaisir des passants.
Comme nous le montraient déjà les vacanciers de la Belle Époque, pas besoin d’attendre l’été pour profiter de Nice ! Depuis 2021, elle est même inscrite sur la Liste du patrimoine mondial par l'UNESCO en tant que "ville de villégiature d’hiver de Riviera".
Que vous préfériez une balade dans les ruelles du Vieux Nice ou bien sur le Mont Boron pour admirer le Château de l’Anglais, une visite culturelle au Musée Matisse, une découverte architecturale à la Villa Masséna ou encore un peu de sport le long du sentier Lou Camin Nissart, la ville ne manque pas de ressources.
Vous voulez déjà un petit avant-goût de ce qui vous y attend ?