1944, Seconde Guerre mondiale. La photographe Germaine Kanova arrive en France, peu après le débarquement allié en Normandie.
Londres, c’est terminé ! L’artiste vient d’abandonner son studio où elle a pourtant tiré le portrait de nombreuses célébrités. Engagée dans la France libre, elle ne veut plus se contenter de fabriquer des affiches de propagande ou de photographier le général de Gaulle. Elle veut aider davantage...
En novembre, Germaine Kanova décide donc de s’engager au Service cinématographique des armées. Sa mission ? Suivre les troupes françaises, informer et participer à la propagande des Alliés.
En effet, les combats sont difficiles à la fin de l’année 1944 : il faut maintenir le moral des soldats et emporter l’adhésion de l’opinion publique.
L’artiste, devenue photographe de guerre, troque ainsi son atelier pour la boue du terrain. Pendant des mois, la voilà qui photographie le front alsacien puis allemand, en restant au plus près des échanges de tirs et donc des soldats. Ceux-ci, impressionnés par son courage, la surnomment "Miss Caméra" !
En plus du danger quotidien, Germaine Kanova est ébranlée par la découverte des camps de concentration, qu’elle juge "innommables". En mai 1945, elle est même appelée à Port-Louis, près de Lorient, pour prendre les images de l’exhumation de dizaines de corps de résistants fusillés. Cette mission est essentielle : ces photos doivent servir de preuves des crimes nazis.
Mais Germaine Kanova ne s’arrête pas à ces photos documentaires. Elle réalise aussi de nombreux clichés qui montrent son humanisme : ses portraits de soldats français souriants magnifient le courage de ces jeunes hommes engagés dans les combats pour la liberté.
L’artiste s’attache aussi à montrer les victimes, de manière digne et respectueuse, et se prend d’affection pour ses camarades d’infortune, dont elle montre l'épuisement.
Ainsi, lorsqu’elle démissionne en septembre 1945, épuisée par ces mois de guerre, elle laisse derrière elle plus de 1750 clichés. Autant de témoignages précieux du regard d’une artiste d’exception!
"Par son courage et son sang-froid, a réussi à obtenir des documents cinématographiques d’un intérêt exceptionnel." Citation pour la Croix de Guerre de Germaine Kanova
En savoir plus
Pour faire le point sur Germaine Kanova, direction la citadelle de Port-Louis, près de Lorient! Une exposition passionnante, co-organisée par le Musée national de la Marine et l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), y raconte les missions de l’une des premières photographes de guerre française.
Aboutissement d’années de recherches, l’exposition Germaine Kanova. Regard d’une photographe sur la Libérationdévoile ainsi le destin trop méconnu de cette grande figure, libre et aventurière, sur les lieux mêmes de l’un de ses reportages les plus émouvants.