Prison de Guingamp. Photo : Alexandre Lamoureux, Tourisme Bretagne
1833, Guingamp en Bretagne. L’architecte Louis Lorin hérite d’une mission d’importance, celle de doter la ville d’une prison flambant neuve. Sur le papier, rien de plus facile : ces bâtiments utilitaires ne demandent pas de créativité particulière.
Prison de Guingamp. Photo : Alexandre Lamoureux, Tourisme Bretagne
Pourtant, Lorin fait face à deux difficultés majeures : non seulement il doit composer avec un budget serré, mais il estchargé d’édifier un type de prison totalement nouveau en France...
En effet, jusqu’alors, les prisonniers partagent généralement un seul espace, insalubre et surpeuplé. Or de nouvelles expérimentations arrivent des États-Unis au cours du 19e siècle. Plutôt que d’enfermer simplement le condamné, on souhaite le voir se réformer afin de permettre son retour à la société. Pour cela, le modèle privilégié est celui des prisons "cellulaires" américaines minutieusement décrites par le philosophe Alexis de Tocqueville.
Le principe? Il s’agit d’isoler le détenu au moins la moitié du temps, afin qu’il ne subisse pas de mauvaises influences et réfléchisse à ses actes. La prison devient alors autant un outil d’enfermement que d’introspection.
Plan et annotations de Louis Lorin en en-tête des plans de la prison de Guingamp, 21 novembre 1836
Louis Lorin se met donc au travail. Pour Guingamp, il réalise une architecture inédite. Quelque trente cellules individuelles s’organisent autour d’une cour centrale et sont desservies par des galeries ouvertes, permettant aux gardiens d’avoir l’œil partout. Pouvant être observé à tout moment, le détenu est ainsi censé observer une moralité exemplaire.
Enfin, pour répondre à la contrainte financière, Louis Lorin utilise du bois plutôt que de la pierre dans de nombreuses parties de la prison, notamment les galeries. Un matériau moins durable, mais qui permet de faire de sacrées économies !
Si l’histoire ne dit pas ce qu’en pensaient les prisonniers, l’aspect novateur de la prison de Guingamp a marqué l’histoire de l’architecture. De nos jours, elle n’abrite plus de condamné et s'offre une seconde vie… artistique!
Prison de Guingamp, vue d'une cellule. Photo : Alexandre Lamoureux, Tourisme Bretagne
"La société ne doit pas « punir pour se venger » ; elle doit corriger pour améliorer." Victor Hugo
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Eh oui, la prison de Guingamp est désormais totalement ouverte au public ! Récemment restauré pour sauvegarder son architecture pionnière (et unique aujourd’hui en Europe), le bâtiment est devenu un centre d’art dédié à la photo contemporaine.
Mais Guingamp cache de nombreux autres joyaux patrimoniaux, par exemple les vestiges de son château médiéval ou ses maisons à pans de bois ! Pour les découvrir, la ville propose des circuits pédestres comme des promenades guidées, en plus de la découverte des berges du Trieux ponctuées de vieilles passerelles...
Alors, en avant Guingamp ! Pour préparer votre voyage, c’est par ici.
Bourg de Guingamp. Photo : Alexandre Lamoureux, Tourisme Bretagne
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