1752, Paris. Dans l'exposition de l'Académie de Saint-Luc, un portrait attire tous les regards. Il s'agit de l'œuvre de Jean-Étienne Liotard qui s'est lui-même représenté, au pastel, comme interrompu dans son travail. Mais ce qui fait sensation, c'est... la barbe qu'il arbore!
En effet, au 18e siècle, des hommes aussi barbus, on n’en croise pas à tous les coins de rue : la tendance en Europe est plutôt aux visages glabres et aux perruques poudrées. Autant dire que le peintre sort du lot !
Mais cette pilosité n’a rien d’une simple extravagance...
Grâce à elle, l’artiste se fait remarquer et prouve qu’il revient de loin. En l’occurrence, après avoir parcouru l’Italie, il a embarqué en 1739 pour Constantinople, capitale de l’Empire ottoman.
Cliquez sur l'image pour voir l'œuvre enentier Jean-Étienne Liotard, Autoportrait à la longue barbe (détail), 1751-1752, pastel sur papier marouflé sur toile, 97 x 71 cm, Musée d'art et d'histoire de Genève. Photo : MAH Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève
Jean-Étienne Liotard, Femme en robe turque assise sur un canapé (détail), 1751-1752, pastel sur papier, 60 x 47 cm, Metropolitan Museum of Art, New York
À l’époque, c’est une sacrée expédition ! Liotard y reste quelques années et en profite pour dessiner tout ce qu’il voit. Il a donc eu tout le temps de s'imprégner des coutumes locales, au point d’adopter lui-même la mode de la barbe.
Il s’habille également avec des vêtements ottomans... qu’il conserve à son retour en Europe. Car il arrive à pic ! Sur le continent, c’est la folie de "l’exotisme". Tout le monde veut se faire représenter à la mode orientale.
Jean-Étienne Liotard, Marie-Adélaïde de France en robe turque, 1753, huile sur toile, 50 x 56 cm, Galerie des Offices, Florence
Le fait de porter la barbe et des vêtements étrangers aide Liotardà se faire connaître. Sa mine fait sensation. Et comme il montre ainsi qu’il connaît bien l’Orient, il croule sous les commandes.
L’exotisme devient donc son fonds de commerce. Désormais surnommé "le peintre turc", Liotard est appelé dans toutes les familles royales européennes. Il peint même des princesses, autrichiennes comme françaises, en costume oriental.
C’est sûr, avec un tel succès, le peintre a de quoi rire dans sa barbe !
Jean-Étienne Liotard, Monsieur Levett et Mademoiselle Glavani en costume turc, milieu du 18e siècle, huile sur carton, 25 x 36 cm, Musée du Louvre, Paris
"Votre barbe, Monsieur, fait tout votre mérite." Madame de Pompadour à Jean-Étienne Liotard
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