2018. Un chantier d'envergure est lancé pour faire renaître le site historique de la Bibliothèque nationale de France, dont son musée.
Dans la galerie Mazarin, construite pour le cardinal et ministre du même nom, les restaurateurs s’affairent déjà. Au programme : l’examen puis le rafraîchissement du plafond peint et sculpté en grande partie par l’Italien Romanelli au 17e siècle. Mais les opérations réservent quelques surprises...
Sous les scènes mythologiques, les équipes découvrent que les fresques comportent de nombreux repeints datant de quelques années à peine après leur réalisation ! Que s’est-il passé ?
C’est en réalité le neveu du cardinal qui, à la mort de ce dernier, fait recouvrir les personnages de "voiles de pudeur". Ce catholique intransigeant a été choqué par leur nudité : il s’acharne donc à rhabiller les dieux antiques et s’attaque même aux statues qu’il fait recouvrir de chemises et dont il martèle les parties génitales.
Robert de Nanteuil, Le Cardinal Mazarin devant sa galerie, 1659, gravure, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie
Giovanni Francesco Romanelli, détail du plafond de la galerie Mazarin avant restauration, 1646-1647, voiles de pudeur peints vers 1660. Photo : Dai Nippon Printing Co., Ltd. 2021
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Au 19e siècle, une première campagne de restauration a lieu, sous la direction d’Henri Labrouste. Pendant cette période, les artisans tentent de retirer les voiles de pudeur. Mais problème : en raison des techniques de l’époque qui obligent à gratter la matière, on risque d’abîmer l’œuvre sous-jacente de Romanelli.
Pour ne prendre aucun risque, Labrouste fait donc simplement repeindre en couleur chair... par-dessus les voiles. Tout ça pour qu’on ajoute à nouveau des drapés quelques années plus tard !
Bref, en 2018, les restaurateurs se retrouvent face à un véritable mille-feuilles d’histoire. Il faut donc faire des choix : que doit-on garder?
Visite du prince impérial en galerie Mazarin, alors salle de lecture des manuscrits, années 1860, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie
Plafond de la Galerie Mazarin, à gauche avant, à droite après restauration et nettoyage. Photo : Jean-Christophe Ballot / BnF / Oppic
Finalement, il est établi que seuls quatre voiles datent réellement du 17esiècle. Ceux-là sont sauvegardés tandis que les autres sont retirés à l’aide de compresses de carbonate d’ammonium, un agent chimique qui enlève les couches sans abîmer les couleurs de Romanelli. Ainsi, la galerie a (presque) retrouvé son aspect d’origine, ouf !
À votre tour, vous pouvez donc venir admirer les fresques de la galerie et découvrir par la même occasion toutes les merveilles qu’elle renferme !
Mais ce n’est pas tout : plus de 900 objets d’art vous attendent dans les collections du musée de la BnF, l’un des plus anciens de France, au sein des 11 salles prestigieuses qui le parcourent. Une balade décidément riche en surprises...