Gare aux voisins !

Où l’on apprend que les plaintes de voisinage ont bien failli
tuer un chef-d’œuvre.

Le peintre Claude Monet est très fier de son jardin de Giverny. Il en parle même comme de son "plus beau chef-d'œuvre" !

Son endroit préféré ? Un grand étang, rempli de nénuphars : c’est le fameux "jardin d’eau" qui l’inspire tant dans ses toiles. Mais celui-ci a bien failli ne jamais exister…

Le "Jardin d'eau" imaginé par Claude Monet, Giverny, 2018. Photo : Maïlys Courtade

Jacques Ernest Bulloz, Claude Monet devant les nymphéas, dans son jardin à Giverny, 1905, photographie, photo : © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz

Pour le créer, Monet achète un verger voisin de sa propriété et y creuse un bassin. Afin de le remplir, il demande l’autorisation de détourner le Ru, une petite rivière. Mais il n’avait pas prévu l’hostilité des villageois !

Les lavandières craignent que le détournement de la rivière ne réduise le débit d’eau dont elles ont besoin pour laver le linge. Quant aux paysans, ils redoutent que les plantations de Monet empoisonnent le bétail !

Le peintre-jardinier ne se laisse pas faire. Dans une lettre à la préfecture de l’Eure, il réfute tout empoisonnement de l’eau. Le préfet lui accorde son soutien, l’étang peut voir le jour ! Mais une fois empli d’eau, l’étang paraît un peu vide. Quelle plante y faire pousser ?

"J’ai pris un catalogue et j’ai fait un choix au petit bonheur, voilà tout", explique le peintre. Ses célèbres nénuphars ont donc été choisis presque par hasard !

Monet met d’ailleurs un peu de temps avant de se rendre compte de leur intérêt : "Je les cultivais sans songer à les peindre… Et puis, tout d’un coup, j’ai eu la révélation des féeries de mon étang. J’ai pris ma palette."

Fasciné par les reflets lumineux sur l’eau couverte de nénuphars, il se met à peindre, encore et encore. L’étang aux nymphéas (le nom savant des nénuphars) devient son sujet préféré. Près de 300 œuvres en témoignent !