Étienne Clémentel, Claude Monet à Giverny, vers 1917
France, 1918. L’Armistice est signé et le pays a gagné la Première Guerre mondiale. La population pleure ses morts et aspire désormais à la paix. Le peintre impressionniste Claude Monet est lui aussi soulagé. Il tient à participer au maintien de la paix, mais d’une manière bien personnelle…
Cela fait trente ans que Monet est confortablement installé dans sa maison à Giverny. Il aime particulièrement le bassin de nénuphars qu’il a créé. Très inspiré, il peint des Nymphéas par centaines ! Les peintures sont variées mais toutes apaisantes. Et c’est justement cette caractéristique qui donne une idée à Monet…
Dès le lendemain de l’Armistice, Monet envoie une lettre à son grand ami Clemenceau, le chef du gouvernement qui a mené la France vers la victoire. Il lui annonce son intention originale : offrir à la France deux gigantesques peintures de nymphéas ! Universelles et intemporelles, ces vastes toiles seront le parfait symbole de la paix.
Enthousiaste, Clemenceau accepte. Il aurait même convaincu Monet de créer six toiles de plus ! Le résultat : un décor monumental où l’on peut s’immerger dans cette nature apaisante…
Claude Monet, Les Nymphéas : Matin, vers 1915-1926, huile sur toile, Musée de l’Orangerie, Paris.
Claude Monet, Les Nymphéas : Reflets verts, vers 1915-1926, huile sur toile, Musée de l’Orangerie, Paris.
Mais le peintre, "ce vieux maboul" comme l’appelle affectueusement Clemenceau, n’entend finalement pas donner ses chers Nymphéas si facilement.
La salle des Nymphéas, Musée de l’Orangerie, Paris. Photo : Sailko, CC BY-SA 3.0
Au musée de l’Orangerie, il surveille de près les travaux d’aménagement des salles qui seront dédiées à ses œuvres. Mais il refuse de se séparer des Nymphéas avant son décès ! C’est donc seulement en 1926 que les toiles sont exposées.
Mieux vaut tard que jamais : la France aura donc ce gigantesque "bouquet de fleurs" pour la paix !
Claude Monet, Les Nymphéas : Le Matin clair aux saules (détail), vers 1915-1926, huile sur toile, Musée de l’Orangerie, Paris.
"La couleur est mon obsession quotidienne, ma joie et mon tourment." Claude Monet