Où l’on découvre un projet artistique
qui occupe trois générations.
Nous sommes à la charnière des
18e et 19e siècles, à Francfort.
Face à nous, bien serrées les
unes contre les autres dans leur cadre
doré,
des dizaines et des dizaines
d’œuvres s’offrent au
regard. Mais qui a donc assez de place pour
accrocher tant de tableaux sur un
même pan de mur ?
Johann Ludwig Ernst, Johann Friedrich et
Carl Morgenstern,
Cabinet de miniatures III (détail), début du 19e
siècle, huile sur bois et cuivre,
96 x 138 cm, Musée historique de
Francfort. Photo : Horst
Ziegenfusz, CC-BY-SA 4.0
Eh bien des artistes très
malins, car ces nombreuses peintures
ne sont en réalité que des miniatures !
En tout, on compte 205 de ces
œuvres lilliputiennes –
elles ne font que quelques
centimètres de large chacune
– rassemblées dans trois élégants cabinets en
bois. Et elles ont toutes été
créées par les membres
d’une même
famille…
J. L. E., J. F. et C. Morgenstern,
Cabinet de miniatures III. Photo
: Horst Ziegenfusz, CC-BY-SA 4.0
Chez les Morgenstern, on est artiste et
restaurateur de père en fils. Johann Ludwig Ernst, son fils Johann
Friedrich et son petit-fils Carl peignent
leurs propres tableaux mais voient
également passer dans leur atelier
bon nombre d’œuvres
signées par d’autres artistes,
pour restauration.
Raphaël, La Sainte Famille à l'agneau, vers 1507, huile sur bois, 29
× 21 cm, Musée du Prado,
Madrid
Lorsque l’une d’elles
plaît particulièrement aux
Morgenstern,
ils la copient en version
réduite
et l’insèrent dans l’un
des cabinets créés
spécialement par le patriarche pour
cet usage !
C’est ainsi qu’on trouve bon
nombre de reproductions de peintres
hollandais, dont les portraits et les
scènes d’intérieur sont
très à la mode à
l’époque, ou encore la copie
d’une œuvre du
célèbre artiste italien
Raphaël.
Peut-être était-ce une
manière de se souvenir de tous les
chefs-d’œuvre passés
entre leurs mains ? Ou bien ces cabinets
leur servaient-ils de
"catalogues" pour
montrer leur expertise en
matière de restauration, et le
prestige de leur atelier ? Sans doute un
peu des deux !
J. L. E. et J. F. Morgenstern,
Cabinet de miniatures II,
1796-1830, huile sur bois et cuivre, 96 x 138
cm, Musée Goethe, Francfort. Photo : Ursula Edelmann, Freies Deutsches Hochstift /
Frankfurter Goethe-Museum, CC-BY-NC-SA 4.0