Où la découverte d’un trésor nous met sur les traces d’un voleur.
2019, Belgique. L’archéologue Marleen Martens est appelée sur un nouveau dossier. Un particulier français vient de déclarer une découverte sur son terrain belge : en creusant, il serait tombé sur de vieilles pièces. Selon la loi du pays, il devrait en être le propriétaire, Marleen n’a qu’à faire quelques vérifications. Mais une fois sur place, l’archéologue trouve la situation plutôt louche.
Pièces de l’époque romaine saisies par les autorités françaises. Photo : Douane française, DR
En effet, on lui présente deux seaux remplis de... 14154 pièces romaines. Parmi elles, se trouvent des "Antoniniens", du nom d’un empereur du 3e siècle. À cette époque troublée, les Romains enterraient leurs trésors pour éviter les vols.
Mais Marleen est sceptique devant leur nombre considérable. Y aurait-il anguille sous roche ?
Pièces de monnaie dites "Antoniniens", 3e siècle
Commence alors une enquête de longue haleine entre autorités belges et douanes françaises. Très vite, le couperet tombe : ces pièces proviennent en fait de plusieurs régions de France. Si le pilleur, adepte du détecteur de métaux, a menti, c’est que la loi française considère que ces vestiges archéologiques appartiennent à tout le monde : personne ne peut se les approprier !
Le dodécaèdre romain. Photo : Douane française, DR
Le pilleur espérait profiter de la loi belge pour "blanchir" ses découvertes illégales.
Et ce n’est pas tout... Les enquêteurs découvrent chez lui plus de 13000 objets précieux: bracelets de la Préhistoire, fibules (épingles de métal) romaines, boucles de ceinture médiévales ou encore monnaies gauloises. On retrouve même un rare dodécaèdre romain, un mystérieux objet à 12faces, dont on ignore l’usage.
Mais ces trouvailles sont loin d’être une bonne nouvelle pour les archéologues...
Saisie des biens culturels. Photo : Douane française, DR
Les œuvres ont été arrachées à leur contexte initial : il est désormais impossible de connaître leur passé et de fouiller de manière scientifique le lieu de leur découverte. De précieuses informations sur notre histoire commune ont ainsi disparu...
Le pillage archéologique, s’il enrichit quelques-uns illégalement, appauvrit donc nos connaissances. Voilà pourquoi il est important d’avoir des experts vigilants comme Marleen Martens !
Fouilles archéologiques du site gallo-romain de Bouriège dans l'Aude, 2024. Photo : FTV Eric Henry
"Le pillage revient à déchirer des pages de notre histoire." Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives)