Où l'on découvre l'art de mettre les passants en retard.
Pierre-Auguste Renoir, Pont Neuf, Paris, 1872, huile sur toile, 75 x 93 cm, National Gallery of Art, Washington
Pierre-Auguste Renoir, Autoportrait à trente-cinq ans (détail), 1876, 73 × 57 cm, Fogg Art Museum, Cambridge
Paris, 1872. Sous un splendide ciel bleu, des Parisiens flânent sur le Pont Neuf. Le peintre Renoir, posté à l’étage d’un café, tente de fixer la scène sur sa toile. Pour l’architecture, pas de problème, elle ne bouge pas. Mais les passants, eux, ne prennent pas la pose… Comment alors représenter cette foule en mouvement ?
Pas besoin d’appareil photo, la stratégie est toute trouvée : Renoir peut compter sur son petit frère Edmond. Ce dernier racontera l’épisode, quelques années plus tard : à la demande de son frère, le bel Edmond se promène sur le Pont Neuf et arrête les passants, discute avec eux ou leur demande l’heure…
Tous les prétextes sont bons pour laisser le temps au peintre de les immortaliser ! Renoir, à l’affût, dispose alors de quelques secondes pour esquisser leurs silhouettes sur la toile.
Comme de nombreux peintres impressionnistes, Renoir cherche en effet à peindre l’instant. Ici, il parvient à rendre l’animation qui règne sur le Pont Neuf, baigné dans la chaude lumière de la mi-journée.
Marchandes de fleurs, conducteurs de fiacres, élégantes avec leur ombrelle… Tous sont saisis en quelques touches de pinceau, immortalisés dans leurs activités quotidiennes.
Détail de l’œuvre
Détails de l’œuvre
En observant de plus près cette foule, on reconnaît aussi la silhouette élégante d’Edmond avec son chapeau jaune et sa canne. Le peintre a même représenté deux fois son frère dans la toile !
C’est pourquoi, si un monsieur vient vous faire un brin de causette dans la rue, prenez votre meilleure pose : le peintre n’est peut-être pas très loin...
"Pour moi un tableau doit être une chose aimable, joyeuse et jolie, oui jolie !" Pierre-Auguste Renoir