Où l’on découvre une peintre prête à tout pour aller à l’école.
Amrita Sher-Gil, Autoportrait en Tahitienne, 1934, huile sur toile, 90 x 56 cm, Kiran Nadar Museum of Art, New Delhi
1929, Inde. Amrita Sher-Gil a seulement seize ans, mais de grandes ambitions artistiques ! Douée en dessin et encouragée par ses professeurs, la jeune fille d'origine indienne et hongroise n’a qu’un rêve : se rendre à Paris pour se former auprès des plus célèbres peintres de l’époque. Bien sûr, il n’est pas question de la laisser s’installer seule à l’autre bout du monde : c’est avec ses parents et sa petite sœur qu’elle part à l’aventure. Toute une famille qui émigre pour l’éducation d’une jeune fille, voilà qui n’est pas fréquent à l’époque...
Amrita Sher-Gil n’a donc pas l’intention de laisser passer sa chance ! Sitôt arrivée dans la capitale française, elle s’inscrit à l’Académie de la Grande Chaumière, puis à l’École des Beaux-Arts. Déterminée, l’artiste travaille d’arrache-pied pour perfectionner sa technique et trouver son style, dans la lignée des peintres modernes comme Van Gogh et Gauguin. Dans ses autoportraits, elle se dépeint d’ailleurs comme une jeune femme de son temps, libre et émancipée.
Amrita Sher-Gil, à gauche : Autoportrait, 1931, huile sur toile, 65 x 54 cm, collection privée ; à droite : Gitane Hongroise, 1932, huile sur toile, 81 x 53 cm, National Gallery of Modern Art, New Delhi
Et ses efforts paient ! Quelques années plus tard, elle triomphe au Salon avec son tableauJeunes filles. Amrita y montre deux femmes en conversation dans le cadre de son appartement parisien. Sa sœur Indira, assise à gauche, côtoie leur amie Denise Proutaux, dénudée et installée dans un fauteuil.
À travers ce tableau intimiste, qui montre une scène de repos, l’artiste a un beau projet en tête : elle souhaite mettre en valeur l’amitié féminine et dépeindre des relations inter-ethniques harmonieuses.
L’œuvre est si appréciée que Sher-Gil devient la plus jeune artiste (et la première asiatique) à être nommée membre associée du Salon.
Amrita Sher-Gil, Jeunes filles, 1932, huile sur toile, 133 x 164 cm, National Gallery of Modern Art, New Delhi
Mais la jeune femme a la nostalgie de l’Inde. Pour retrouver ses racines et enrichir son art, elle décide d’embarquer pour un long voyage de retour – toujours accompagnée de ses proches. Un pari réussi : elle deviendra bien vite la plus célèbre peintre de son pays !
Amrita Sher-Gil, Toilette de la mariée, 1937, huile sur toile, 145 x 86 cm, National Gallery of Modern Art, New Delhi
"Je vais poursuivre ce chemin qui me mène vers mon but - l'acte de peindre qui a toujours rempli mon être." Amrita Sher-Gil
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Amrita Sher-Gil avec trois peintures, vers 1930. Photo : Umrao Singh Sher-Gil