Où l’on découvre le vrai visage de la statue la plus célèbre au monde.
Liberty Island, 2015, New York, États-Unis. Photo : Maëlick CC BY 2.0
E. Flamant, La main et le flambeau de la Statue de la Liberté, 1876, épreuve positive sur papier albuminé, Musée des arts et métiers, Paris
New York. Dans les ferrys qui mènent à Liberty Island, les touristes dégainent leur téléphone ou leur appareil photo, impatients. Ils s’apprêtent à voir de près la Statue de la Liberté à l’emblématique silhouette toute verte. Attendez un peu ! Toute verte ? Pourtant, la statue n’était pas verte lors de son inauguration en 1886 !
Offerte aux États-Unis par la France pour célébrer les 100 ans de leur indépendance, la statue a été créée par le sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi et l’ingénieur Gustave Eiffel. Au vu des moyens de l’époque, cette œuvre est un véritable exploit.
Reposant sur un gigantesque socle, la statue est constituée d’un solide pylône métallique, conçu par Eiffel, recouvert de 300 plaques de cuivre. Leur épaisseur ne dépasse pas celle d’une pièce de monnaie ! Ce cuivre est appelé "repoussé" car la feuille de métal est travaillée à l’envers, afin de faire ressortir la forme voulue sans enlever de matière.
Gravure de la cérémonie au cours de laquelle la statue a été officiellement remise au représentant des États-Unis, 1884, Paris
Paul-Joseph-Victor Dargaud, Statue de la Liberté rue de Chazelles (détail), 1885, peinture à l'huile, 60,5 cm x 46,3 cm, Musée Carnavalet, Paris
Pour vérifier que les pièces s’assemblent sans problème, la statue est montée une première fois à Paris. À ce moment-là, la statue a toujours sa couleur d’origine, le rouge orangé. Elle est ensuite démontée pour être conduite en bateau à New York. Quelques mois plus tard, la voilà debout sur Liberty Island et devenue une icône reconnaissable.
Mais elle n’est toujours pas verte… Alors, comment expliquer le changement de couleur ? C’est à cause du cuivre ! Ce métal s’oxyde au contact de l’air et se recouvre d’une fine couche qu’on nomme le vert-de-gris.
Cette patine sans danger (à moins de vouloir l’ingérer !) est présente sur de nombreux monuments historiques, comme le toit de l’Opéra de Paris.
Après seulement trente années passées sur l’île exposée aux embruns marins, la Statue de la Liberté s’est donc transformée pour adopter sa couleur actuelle. Aujourd’hui, les quatre millions de touristes qui viennent l’admirer chaque année auraient du mal à l’imaginer autrement !
Le toit de l'Opéra Garnier, 2015, Paris. Photo : Jeanne Menjoulet CC BY 2.0
"Le noir, c'est la seule couleur qui ne change pas." Jacques Ferron