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Un cache-misère impérial

Où l'on découvre comment un artiste est devenu le porte-parole des opprimés.

Portrait d'Alfred Stevens, 1860, Bibliothèque nationale de France, Paris

Paris, 1855. Dans l’Exposition universelle, la foule se presse devant un tableau de l’artiste belge Alfred Stevens. Sa dernière toile, loin des habituels portraits de bourgeois du temps, fait sensation ! Mais c’est surtout la venue de l’empereur Napoléon III que l’on attend avec impatience : tout le monde désire voir sa réaction face à l’œuvre...

Il faut dire que cette toile montre une réalité choquante : une mendiante en haillons est conduite en prison par des gendarmes, avec ses enfants. Au 19e siècle, en France, les vagabonds sont en effet surveillés de près et privés de nombreux droits. Errer dans les rues constitue même un délit pour lequel ils peuvent être arrêtés. C’est cette répression de la misère que Stevens cherche à dénoncer dans ce tableau engagé.

Alfred Stevens, Ce que l'on appelle le vagabondage, 1854, huile sur toile, 131 x 164,5 cm, Musée d'Orsay, Paris

Pour cela, il prend clairement le parti de la pauvre mendiante. La tête baissée, résignée, celle-ci semble presque devoir se rendre à son exécution, ainsi entourée d’hommes en armes. Quant aux affiches derrière elle, elles font la réclame pour des "bals" et des "terrains à vendre"... autant de choses auxquelles la jeune mère n’aura jamais accès. 

L’artiste en profite aussi pour mettre en avant la bonté des dames bien nées – celles qui constituent sa clientèle. On voit donc l’une d’entre elles tendre sa bourse à la mendiante, mais un gendarme la repousse sans pitié.

Détail de l'œuvre

Portrait de Napoléon III, 1850, Library of Congress, Washington D.C

C’est précisément pour ce détail que le public épie l’arrivée de Napoléon III : en soulignant le manque de cœur des autorités, le tableau de Stevens semble faire une critique acerbe du régime de l’empereur, incapable de s’occuper des démunis !

Napoléon III finit bien par visiter l’Exposition et par s’arrêter devant le tableau de Stevens. Choqué, il aurait alors déclaré que "cela n'aurait plus lieu". Et en effet, peu de temps après, il donne l'ordre que les vagabonds soient désormais... menés en prison avec discrétion : en voiture close et non plus à pied.

"Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée." Victor Hugo 

En savoir plus

Fernand Pelez, Sans asile, 1883, huile sur toile, 136 x 236 cm, Petit Palais, Musée des Beaux-arts de la Ville de Paris

Sur d’autres œuvres de l’artiste conservées au musée d’Orsay

Sur la répression de la misère au 19e siècle

Sur la représentation de la pauvreté à la même époque

Sur le Second Empire

Racontée par Adeline Pavie

Plus d'information sur le rédacteur

Iconographiée par Aude Niclas

Jeu concours

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