Où l'on voit une artiste exposer son jardin secret.
Salon d'Automne, vue d'une salle, 1905, Grand Palais. Photo : Bridgeman Images
1920, Salon d’Automne, Paris. Parmi les œuvres exposées au public, un tableau ne passe pas inaperçu : il s’agit de la toile Été, aussi appelée Adam et Ève, peinte par Suzanne Valadon. Un homme et une femme y sont représentés nus dans un jardin, près d’un pommier. Rien de plus attendu pour cette célèbre scène biblique. Alors, pourquoi remarque-t-on tant ce tableau ?
D’abord, si le nu n’est pas une chose exceptionnelle en peinture, Suzanne Valadon sort du lot : elle est sans doute l'une des premières femmes à peindre et exposer un nu masculin! En faisant cela, elle inverse l’ordre habituel des choses qui veut que ce soient les hommes qui peignent des nus, féminins pour la plupart.
Suzanne Valadon, Adam et Ève, 1909, huile sur toile, 162 x 131 cm, Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, Paris
Suzanne Valadon dans son atelier parisien du 12 rue Cortot en compagnie d’André Utter, 1913. Photo : Espace Valadon, Bessines-sur-Gartempe (détail)
Par ailleurs, les modèles ayant posé pour Adam et Ève ne sont autres que Suzanne elle-même et son amant André Utter. Un détail qui n’en est pas vraiment un, car cette relation extraconjugale avec un homme de 20 ans son cadet ajoute du tapage à l’affaire.
Cerise sur le gâteau, le visage d’Ève cueillant la pomme est apaisé et le serpent censé la pousser au péché est absent.
Détail de l'œuvre
En bref, tout porte à croire que Valadon se sert d’un prétexte biblique pour revendiquer la liberté amoureuse et sexuelle ! L’artiste devra cependant faire des compromis : le Salon exige que le sexe d’Adam, alias André Utter, soit recouvert avec des feuilles de vigne pour plus de décence.
Réalisée en 1909, cette toile marque un tournant dans le travail de l’artiste. Dans les années qui suivent, celle-ci se consacre davantage à la peinture qu’au dessin et s’attache à peindre ses modèles dans des poses naturelles.
Cette œuvre controversée n’aura pas empêché Suzanne de devenir une artiste de renom, et même d’être nommée sociétaire du Salon d’Automne l'année même de la présentation du tableau au public, en 1920. Pour elle, l’audace aura payé !
Suzanne Valadon, La Chambre bleue, 1923, huile sur toile, 90 x 116 cm, Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, Paris
‘‘Toute personne qui pense fortement fait scandale’’ Honoré de Balzac
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