Où l’on rencontre des revenants très attachés à la justice.
Paysage haïtien. Photo : Waterdotorg, CC BY 2.0
The Walking Dead, Le Dernier train pour Busan, World WarZ... Âmes sensibles s’abstenir ! Ces films sont peuplés de zombies, d’horribles morts-vivants qui terrifient nos héros de cinéma. Mais pour trouver l’origine de ces créatures, il faut quitter Hollywood pour se rendre en Haïti. En effet, la culture vaudou locale possède ses propres zombis, qui ne prennent pas de "e" final en créole haïtien, mais sont tout aussi inquiétants.
Là-bas, ce sont les criminels récidivistes qui peuvent être "zombifiés". Comment ça marche ?
Eh bien, l’individu en question passe devant la justice d’une société secrète, comme celle des Bizango. S’il est jugé coupable, il est tout d’abord drogué puis enterré vivant. Le lendemain, le désormais "zombi" est déterré et réduit en esclavage au service d’un sorcier. Il est vivant, mais mort aux yeux de la société !
Anonyme, Scène vaudou à Haïti, la grande prière "Djor", durant une cérémonie d'initiation, 1988, peinture, 53 x 71 cm. Photo : Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Patrick Gries
Personnage Bizango, 20e siècle, tissu rembourré, crâne humain, bois, miroir, métal, bouteille. Photo : Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Pauline Guyon
Évidemment, ce châtiment terrible doit être mûrement réfléchi. Le suspect passe donc devant plusieurs assemblées. Chez les Bizango, il est même convoqué devant un tribunal "d’ombres", composé en fait de poupées gardiennes de la société secrète. Enveloppées de tissus rouge et noir et réalisées avec des contenants improvisés, ces statues effrayantes renferment les âmes de personnes disparues. Chacune dissimule aussi une croix de cimetière (qui soutient l’ensemble de la structure), des pierres ou de la terre d’une sépulture, des miroirs anti-maléfices et surtout, un véritable crâne humain.
Ces gardiens peuvent également tenir une canne, signe de pouvoir, ou bien... des ciseaux pour couper le fil de l’existence des coupables, voués à devenir des morts-vivants !
Le personnage de gauche tient une machette, celui de droite des ciseaux et une canne. Personnages Bizango, 20-21e siècle, tissu rembourré, crâne humain, bois, miroir, métal, bouteille. Photo : Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Pauline Guyon, Michel Urtado, Thierry Ollivier
Alors, ces zombis vous donneront-ils de nouveaux cauchemars ? Rassurez-vous, certains spécialistes estiment qu’il s’agit d’une légende haïtienne et que ces zombis (comme les statues qui les jugent) sont surtout destinés à faire peur aux coupables.
Il n’empêche, ces morts-vivants ont pénétré l’imaginaire collectif occidental dès le 17e siècle... jusqu’à se transformer pour envahir nos écrans de cinéma.
Groupe de sculptures Bizango, Haïti, 20e siècle, National Museum of World Cultures, Amsterdam. Photo : NMWC, CC BY 3.0
"La mort rattrape ceux qui la fuient". Horace
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Envie de frissonner cet automne ? Rendez-vous au musée du quai Branly-Jacques Chirac à la découverte de l’exceptionnelle exposition consacrée aux Zombis, la mort n’est pas une fin ?
Le parcours retrace l’histoire des morts-vivants, depuis Haïti jusqu’à aujourd’hui, à travers des films et des objets – comme une armée "d’ombres" Bizango. De quoi être incollable sur les zombis haïtiens, leurs origines et leurs déclinaisons occidentales.
Pour les plus curieux, le musée propose également d’assister à un cycle de films de zombis iconiques ainsi qu’à une terrifiante soirée d’Halloween! Des rendez-vous dont vous ne sortirez pas indemnes...