Où l’on découvre que l’État a toujours le dernier mot.
4 mai 2013, Brest. Ce jour-là à l'hôtel des ventes, près de 500 lots sont proposés aux enchères. L'un d'entre eux attire particulièrement l'attention.
Il s'agit d'une toile d'un format inhabituel, tout en hauteur, signée du peintre Paul Sérusier : Le champ de blé d'or et de sarrasin. D'après le commissaire-priseur, l'œuvre n'est ni plus ni moins que "la préfiguration de l'art moderne" !
La semaine précédant la vente, elle a d’ailleurs suscité la curiosité de nombreux visiteurs. Et certains avaient une petite idée derrière la tête…
Mais voilà les enchères qui commencent pour cette huile sur toile estimée entre 150.000 et 200.000 €.
C'est finalement à 229.000 € que le marteau du commissaire-priseur retentit. "Adjugé !", s'écrie-t-il en direction de la dernière personne à avoir enchéri, apparemment un collectionneur belge.
Aussitôt, un autre homme se lève de sa chaise et annonce à haute voix : "Préemption au bénéfice du musée d'Orsay !" Des applaudissements suivent cette déclaration inattendue. Que vient-il de se passer au juste ?
Le célèbre musée parisien a raflé la mise au Belge dépité ! Eh oui, en France, les musées nationaux peuvent user de ce "droit de préemption" à la fin d'une enchère pour faire entrer une œuvre particulièrement intéressante dans leurs collections.
Pour cela, le musée décide à l'avance du prix maximal qu'il est prêt à mettre. Évidemment, tout se fait dans le plus grand secret, pour ne pas biaiser les enchères.
Un représentant du musée assiste donc incognito à la vente. Si l'enchère finale ne dépasse pas le budget déterminé, il prononce le fameux sésame et remporte la vente au nez et à la barbe du dernier enchérisseur !
On dit que ce dernier, à Brest, aurait laissé échapper quelques noms d'oiseaux à l'encontre du nouveau propriétaire de l'œuvre…