Où l’on met quinze ans pour aller à Washington depuis Marseille.
À Orlando, Hamza Bensatem (à droite) fait la connaissance de Ruben (à gauche), qui a bénéficié de la protection de l'enfance. Photo : DR
6 mai 2023, Washington. Hamza Bensatem représente la France dans un programme international d’échanges autour de la protection de l’enfance. Lorsqu’il a reçu une lettre de l’Ambassade américaine, quelques semaines plus tôt, il a cru à une blague, puis a accepté avec fierté. Pourtant, si l’on remonte une quinzaine d’années en arrière, un tout autre destin attendait le jeune Hamza…
Cliquez sur l'image pour découvrir l'étude Retisser les fils du destin – Parcours des jeunes placés. Photo : Action Enfance France
Cinquième enfant d’une fratrie de six, il grandit à Marseille. Puisque son père est aux abonnés absents et que sa mère souffre de problèmes de santé, l’aide sociale à l’enfance (ASE) décide de prendre en charge Hamza et son plus jeune frère.
Mais les deux garçons ne sont pas placés dans le même foyer. Séparé de toute sa famille à 11 ans, Hamza sombre dans unedétresse psychologique et tente de mettre fin à ses jours.
Il est alors pris en charge par un établissement psychiatrique. Pendant deux ans, ses traitements le tiennent à l’écart de l’école. Hamza ne reprend ainsi son parcours scolaire qu’à 14 ans.
De retour à Marseille, il est placé dans une maison d’enfants à caractère social et entre en 4e. Ses lacunes sont énormes, mais le jeune homme s’accroche et rattrape les années perdues.
Cliquez sur l'image pour découvrir l'étude Retisser les fils du destin – Parcours des jeunes placés. Photo : Juan Pablo Serrano
Marseille. Photo : Nabil Barry
Association ADEPARE 13 dont Hamza Bensatem est le président
La voie qui s’ouvre devant lui est en grande partie tracée, car la prise en charge des jeunes placés s’arrête généralement à 18 ans. Hamza est orienté vers des études courtes, qui lui assureront un emploi au plus vite. Pour lui, il s’agira d’un CAP, pour devenir chauffeur routier.
Mais la motivation dont il a fait preuve en 4e ne l’a plus quittée : Hamza déjoue le destin et obtient unBac Pro service de proximité et de vie locale avec mention. Au vu de ses résultats, l’ASE prolonge sa prise en charge jusqu’à ses 21 ans par un contrat jeune majeur.
Lui qui a connu le pire puis le meilleur de l’aide sociale poursuit ses études jusqu’en Master 2 et prépare une thèse sur la protection de l’enfance. De Marseille à Washington, le jeune garçon a tracé une route inédite !
"La nature crée des différences ; la société en fait des inégalités." Tahar Ben Jelloun
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Photo : France Stratégie
Aujourd’hui, Hamza Bensatem porte la voix des enfants placés auprès de ceux qui orientent les politiques sociales.
Or il reste du chemin à parcourir, comme le démontre l’étude réalisée récemment par France Stratégie : si certains jeunes ont de meilleures chances de réussite scolaire et professionnelle grâce au placement, les chances d’accéder à l’enseignement supérieur restent globalement très faibles pour les jeunes placés.
Pour tout comprendre sur la situation actuelle de l’aide sociale à l’enfance, retrouvez la note de France Stratégie Retisser les fils du destin – Parcours des jeunes placésjuste ici.
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