Fin février, début mars, en Alsace. Les cigognes sont de retour sur les cheminées ! Cette année encore, elles apportent de beaux bébés dans les foyers…
Enfin, c’est ce que l’on raconte aux enfants, car personne ne croit à cette mignonne légende. Mais au fait, d’où vient-elle ?
Illustration : Magalie Jourdain
Les mariages sont souvent organisés au début de l'été, en juin-juillet. Et dans les époques plus anciennes, en Alsace et ailleurs, les enfants étaient souvent conçus aussitôt après les noces, notamment parce qu’il n’existait pas de moyen de contraception efficace.
Après 9 mois de grossesse, on observait donc un pic de naissances vers mars… pile quand les cigognes revenaient de leur migration d'hiver !
C'est de là que vient cette petite histoire : du lien observable entre les naissances et le retour des cigognes. C'est une "corrélation", une relation statistique entre deux phénomènes.
Mais cela ne veut pas dire que l'un est la cause de l'autre... Eh oui, ça, c'est une "causalité". Et il ne faut surtout pas confondre corrélation et causalité comme le fait la légende !
En économie par exemple, en regardant un graphique, on pourrait croire que plus un pays est équipé en téléphones portables, moins il subit de mortalité infantile.
Les deux éléments sont corrélés, c'est sûr… mais la véritable cause du lien se trouve ailleurs : le pays concerné est assez riche pour avoir de bonnes maternités et une population qui peut s'offrir des téléphones mobiles.
Entre les cigognes et les naissances alsaciennes, c'est pareil : la causalité, c'est simplement le calendrier, qui fait coïncider les habitudes de reproduction des humains et la migration des cigognes. Cette mignonne légende a ainsi pour origine une erreur de raisonnement dont on est tous victimes… et qu'on appelle "l'effet cigogne" !
"Nous ne connaissons pas le vrai si nous ignorons les causes." Aristote