Vue de l'hôtel 24 South à Stanton, Virginie, États-Unis (image d'illustration)
Nous sommes en 2008, dans un hôtel des États-Unis. À cette époque, les messages écologiques dans les lieux d’hébergements sont encore rares.
Mais dans chacune des chambres de cet établissement, un petit mot propose aux clients de n’utiliser qu’une serviette par séjour, afin de réduire les consommations d’eau et d’énergie.
S’ils visitaient d'autres chambres que la leur, les clients auraient la surprise de découvrir différentes versions de ce message écologique. Ils participent en effet sans le savoir à une expérience dans le domaine des sciences comportementales…
Une partie des clients découvre ainsi le message suivant : "Aidez-nous à préserver l’environnement. Vous pouvez manifester votre respect de la nature… en réutilisant votre serviette durant tout votre séjour." Pour signaler qu’ils conservent leur serviette, il leur est ensuite demandé de l’accrocher sur un emplacement dédié.
Mais pour d’autres chambres, une information supplémentaire est glissée dans le message : "près de 75 % des clients logés dans cette chambre ont réutilisé leur serviette".
Après une période de 53 jours durant laquelle les employés de l’hôtel comptabilisent qui a conservé ou non sa serviette parmi les clients restés au moins deux jours, les chercheurs sortent leurs calculatrices.
37 % des personnes soumises au message le plus simple ont réutilisé leur serviette. Mais ce chiffre monte à 49 % pour ceux dont le message signalait que près de 3 clients précédents sur 4 avaient agi pour l’écologie. Comment expliquer une telle différence ?
Exemple de message écologique dans un hôtel. Photo : Joel Kramer CC BY 2.0
Illustration Artips
Cela tient au fonctionnement parfois déroutant de notre cerveau… En effet, nous avons tendance à nous croire les seuls à agir pour le bien commun. Ou en tout cas à penser que les autres ne sont pas aussi engagés que nous. Alors, paradoxalement, pour ne pas être la seule personne qui fournit des efforts, nous décidons de ne pas agir.
Mais rassurés d'apprendre qu’une grande majorité de personnes adoptent un comportement écologique (petit mensonge pour la science), certains clients de l'hôtel ont retrouvé foi en l’humanité et se sont décidés à agir selon ce qu’ils jugeaient le plus juste !
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Nous avons tous tendance à croire – à tort – que le monde entier se comporte plus mal que nous. Il s’agit d’un biais cognitif : notre cerveau se met en pilote automatique et suit un raisonnement bancal, qui l’induit en erreur.
Cette forme de biais cognitif, appelée "ignorance pluraliste", freine l’engagement des populations en faveur du climat. Afin de déjouer ce vilain tour de notre cerveau, Mélusine Boon-Falleur mène l’enquête. Pour Tilt !, cette doctorante en sciences cognitives lève le voile sur la thèse qu’elle est en train d’écrire…
Cliquez ici pour écouter Mélusine Boon-Falleur parler des freins psychologiques dans la mise en œuvre de la transition écologique.
Racontée en partenariat avec Tilt
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À quand remonte la première mention d'un impôt sur les successions ?