René Lacoste, Henri Cochet, le capitaine Pierre Gillou, Jacques Brugnon et Jean Borotra (de gauche à droite) après leur victoire de la Coupe Davis (anciennement International Lawn Tennis Challenge), 1927. Photo : DR
Philadelphie, septembre 1927. Les "Mousquetaires" remportent la première Coupe Davis du tennis français. Alors, pour célébrer ce moment, ils posent en grande tenue autour du trophée. Il faut dire que le costume ne dérange pas ces sportifs, puisqu’ils sont à peine moins habillés pour jouer !
Car à l’époque, le tennis se joue en gentleman : vêtu d’un pantalon et d’une chemise de ville. Peu adaptée aux mouvements des sportifs, cette tenue devient franchement handicapante en cas de grosses chaleurs.
C’est pour cela que René Lacoste, l’un des fameux mousquetaires, a l’idée de se faire confectionner des chemises de coton dans une maille aérée : « le jersey petit piqué ».
Le joueur anglais Hebert Chipp en tenue de tennis traditionnelle, fin du 19e siècle
René Lacoste dans un polo en jersey petit piqué, vers 1930. Photo : DR
Et pour se distinguer encore plus, Lacoste a l’idée de faire broder un crocodile sur sa poitrine. Pourquoi cet animal ? Parce que c’est ainsi que le jeune homme est connu dans le milieu du tennis.
Il aurait hérité de ce surnom après un pari perdu contre son entraîneur, dont le prix à gagner était une valise en crocodile. Mais ses adversaires avancent une autre explication : comme le reptile, il attend patiemment en fond de court que sa proie fasse une erreur pour la dévorer.
Forcé de raccrocher sa raquette très tôt, pour cause de problèmes pulmonaires, Lacoste se dit que son expérience sportive peut lui ouvrir une nouvelle carrière dans l’habillement.
René Lacoste avec une veste Lacoste et Jean Borotra à Roland-Garros, 1929. Photo : Bibliothèque nationale de France, Paris
Sur le modèle de ce qu’il portait lui-même, il met au point un polo blanc en jersey, brodé d’un crocodile. Avec ses manches courtes qui libèrent le mouvement, ce vêtement rencontre bientôt un joli succès auprès des tennismen français.
Pour ce sport, très à cheval sur le code vestimentaire, c’est une révolution.
Cela explique peut-être que Lacoste ait attendu 20 ans de plus avant de commercialiser des versions colorées de son polo. D’ailleurs, à Wimbledon, la couleur n’est toujours pas la bienvenue : les joueurs et les joueuses ont l’obligation de s’habiller en blanc !
Tournoi de tennis d'Hilversum, Pays-Bas, Cliff Drysdale et Thomas Koch en polo Lacoste, 1964. Photo : Archives Nationales des Pays-Bas, Collection de photos Anefo
Le très haut niveau est fait de nombreux sacrifices. Les athlètes évoquent généralement les heures d’entraînement, chaque jour pendant des années, mais abordent plus rarement leur manière de les financer. Or, se serrer la ceinture est souvent la règle...
Pour lever le voile sur le quotidien économique de ces sportifs dont les performances hors normes nous font rêver, Citéco les interroge sans tabou. Emplois, sponsors, subventions, primes de performance, partenariat média… chaque épisode de ce podcast analyse le porte-monnaie d'un athlète.