1972, États-Unis. Une équipe de chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) publie un rapport qui fait du bruit ! Dans la presse, on peut même lire "un ordinateur prédit la fin du monde". Ce qui est… plus ou moins vrai. Ce rapport se nomme Les Limites à la Croissance, ou rapport Meadows, d’après les deux principaux auteurs, Donella et Dennis. Il a pour objectif de mettre le monde en équation pour voir son évolution. Rien que ça.
L’équipe a développé un modèle, World3, qui prend en compte les grandeurs suivantes et leurs interactions : population, nourriture, ressources non-renouvelables, production industrielle et pollution. Par exemple, une augmentation de la population demande à produire plus, donc la pollution s’emballe.
Rapport Meadows, 1972
Courbe du modèle "standard" établi en 1972 dans le rapport Meadows
Un algorithme permet ensuite de simuler l’évolution du système jusqu’en 2100. Un premier scénario basé sur les données et tendances de l’époque prévoit… un effondrement ! C’est-à-dire une chute drastique de la population et de la production industrielle. La cause ? Une surexploitation des ressources. Aïe…
Oui, mais si on imagine une super technologie qui fournit une source d’énergie infinie ? Raté : l’algorithme prévoit à nouveau un effondrement. Cette fois causé par un excès de pollution… Seuls les scénarios avec une croissance économique maîtrisée ne mènent pas à la catastrophe.
En gros, l'algorithme démontre que la croissance ne peut pas être illimitée dans un monde aux ressources limitées.
Denis Meadows et son équipe lors de la conférence sur le rapport, 2 mars 1972. Photo : Courtesy of Dennis Meadows
Pourquoi se fier à un programme informatique ? Parce qu’il ne fait pas des prédictions (au sens d’une prophétie) mais des prévisions (comme la météo) d’après les paramètres choisis dans le modèle.
En questionnant ainsi l’économie débridée, le rapport Meadows est devenu un pilier de la pensée écologique.
Manifestation du groupe militant Extinction Rebellion le 18 avril 2019 à Londres. Photo : Vladimir Morozov/akxmedia
Il a été envoyé à 12 000 décideurs mondiaux et s'est vendu à des millions d’exemplaires. Sans suite. Comme quoi, l’inaction ne date pas d’hier…
Mais n’oublions pas le message optimiste du rapport : la fin du monde est évitable ! Il faut juste accepter de maîtriser la croissance et de partager les ressources entre tous…
"Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste." Kenneth E. Boulding