Où l’on découvre une athlète qui ne court pas seule.
Juin 2017, Sacramento (Californie). Six fois championne des États-Unis en 800 mètres, Alysia Montaño ne franchit pas l’étape des qualifications. Elle finit même dernière de sa série ! Pourtant, lorsqu’on l’interroge après sa course, elle assure se sentir "merveilleusement bien"…
Alysia Montaño courant à huit mois de grossesse, 2014. Photo : @alysiamontano via Instagram
Elle ne dit pas cela pour cacher une quelconque déception, mais pour rassurer les nombreux journalistes qui s’inquiétaient pour sa santé. Car Alysia Montaño est enceinte de cinq mois. Un état que certains jugent incompatible avec le sport de haut niveau. C’est d’ailleurs pour leur donner tort que, sous la vigilance des médecins, la coureuse a décidé de participer aux championnats : elle est enceinte, pas blessée. En 2014, elle avait même couru lors du huitième mois de sa première grossesse.
Combattre les préjugés sur les femmes enceintes n’est cependant pas l’unique motivation de Montaño. Pour se donner toutes les chances de reprendre sa carrière après la naissance de son enfant, elle doit continuer à s’entraîner (en réduisant simplement l’intensité).
En 2015, quelques mois après l’accouchement, elle a ainsi été à nouveau sacrée championne des États-Unis.
Mais surtout, si Alysia Montaño a couru alors qu’elle attendait un enfant, c’est parce que quitter trop longtemps le haut niveau lui aurait fait perdre ses revenus et son assurance maladie. La faute aux sponsors et au Comité olympique américain, qui sanctionnent la maternité des athlètes.
Photo : Jessica Monte
Peu avant sa décision d’avoir un enfant, Alysia Montaño avait d’ailleurs demandé à Nike, son sponsor, ce qui se passerait en cas de grossesse. "C’est simple, lui avait-on répondu, on met juste en pause votre contrat et on arrête de vous payer". La spécialiste du 800 mètres avait alors changé de sponsor.
Mais en 2019, Montaño réalise que de très nombreuses athlètes subissent ce préjudice et décide de s’exprimer en vidéo pour le New York Times. Dénoncé par d’autres sportives, Nike s’engage dès lors à ne pas imposer de résultats à ses athlètes durant les 18 mois qui suivent le début de la grossesse. Face à une situation injuste, il faut du courage pour briser le silence, mais c'est ainsi que la société progresse.
En savoir plus
Sportive, la série qui décrypte les défis relevés par les athlètes féminines de haut niveau, Tilt !, 2024
Comment concilier sport de haut niveau et maternité ? Pour ne pas briser une carrière commencée très jeune, des athlètes renoncent à devenir mères ou attendent la retraite. Heureusement, des femmes comme Alysia Montaño, puis Allyson Felix, qui a dénoncé Nike à sa suite, mettent le sujet sur la table.
En France, la navigatrice Clarisse Crémer combat aussi cette discrimination : devenir mère en 2022 a failli lui coûter le Vendée Globe 2024, par manque de miles sur l’eau…
Dans cet épisode de la série vidéo Sportive, proposée par Tilt !, découvrez l’histoire de ces athlètes ayant choisi de devenir mères malgré les embûches.
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