Portrait de Christine Lagarde en 2020. Photo : Parlement Européen, CC BY 2.0
Novembre 2019. Tout juste nommée à la tête de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde fait une révélation déroutante… Elle aimerait être une chouette et ne veut surtout pas qu’on la considère comme une colombe ou un faucon !
Réagit-elle à des noms d’oiseaux donnés par des détracteurs ? Pas du tout, Christine Lagarde fait référence aux étiquettes que l’on colle souvent à ceux qui mènent les politiques monétaires. Selon leur approche économique, en particulier face à l’inflation, ceux-ci sont qualifiés de colombes ou de faucons.
Les "colombes" craignent par-dessus tout la stagnation économique. Elles sont prêtes à accepter un taux d'inflation temporairement un peu plus élevé que la cible habituelle de 2 % par an, ce qui permet de contribuer à la croissance et donc, à la réduction du chômage. Les colombes sont ainsi favorables au maintien de taux d’intérêt plus bas pendant un temps un peu plus long, afin de soutenir l'activité.
À l’inverse, les "faucons" sont les tenants d’une politique monétaire stricte.
Leur plus grande crainte, c’est que l’inflation s’emballe, car elle ferait plonger le pouvoir d’achat et déséquilibrerait l’économie. Alors, pour éviter cela, ils ont tendance à favoriser des taux d’intérêt plus élevés, pour rester le plus proche possible de la cible de 2 % d'inflation par an.
Mais comment la hausse des taux d’intérêt agit-elle sur l’inflation ?
Lorsque les taux montent, emprunter de l’argent coûte plus cher, ce qui réduit la demande en prêts. Or, c’est en accordant des prêts que les banques commerciales créent de la monnaie. Avec moins de création monétaire, l’argent devient plus rare, sa valeur augmente et l’inflation descend.
Taux d'inflation de la zone euro et taux d'interêt de la BCE, 1997-2024
Hausser les taux est perçu comme une politique monétaire agressive, ce qui vaut le surnom de faucon, animal prédateur, à ceux qui la pratiquent. La colombe, symbole de paix, est au contraire associée à ceux qui agissent selon une politique plus conciliante et sociale.
Bien sûr, ces comparaisons ornithologiques grossissent le trait, et grâce à sa pirouette, Christine Lagarde se libère de cette vision manichéenne. Comme la chouette, animal associé à la sagesse dès l’Antiquité, elle agira en fonction des situations, et non en appliquant des théories figées !
Chouette rayée du Canada. Photo : Arad, CC BY 3.0
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