Où l’on apprend que le recyclage ne bénéficie pas à tout le monde.
Province chinoise du Shandong, au sud de Pékin. Yi-Jie, une petite fille de onze ans évolue au cœur d’une montagne de déchets plastiques, de toutes les tailles, couleurs et formes. Et c’est le quotidien de sa famille : ils travaillent ensemble au sein d’une usine locale de recyclage, et trient quotidiennement ces détritus.
Yi-Jie dans une montagne de plastique, extrait de PlasticChina, réalisé par Jiu-Liang Wang, 2016
Cette scène est tirée du documentaire PlasticChina (2016), qui retrace la vie de cette famille marquée par ce plastique venu des quatre coins du monde. À sa sortie, il a provoqué une vraie prise de conscience.
En effet, ces déchets ne viennent pas de nulle part, ils sont vendus et échangés à l’international, comme de simples produits. Ce commerce particulier permet aux pays industrialisés comme la France d’exporter leurs déchets, qui seront traités à l’étranger. Pour les pays importateurs, l’idée est de les revaloriser pour obtenir des ressources matérielles sans avoir à les produire.
Certains pays sont même spécialisés dans la transformation de détritus en particulier.
Affiche du film PlasticChina, réalisé par Jiu-Liang Wang, 2016
Ferraille en Turquie. Photo : Profession Recycleur, DR
C’est le cas de la Turquie, qui rachète massivement les déchets métalliques internationaux pour les réutiliser localement.
Bien que ce commerce de déchets soit réglementé, il est surtout rentable pour les pays plus riches du globe. Concernant le plastique par exemple, la main-d’œuvre étrangère est bon marché et les normes environnementales plus souples.
En revanche, les pays qui reçoivent ces détritus sont loin d’être toujours gagnants. Les déchets n’étant pas systématiquement recyclés ou détruits, une partie s’empile alors dans des décharges à ciel ouvert comme au Shandong. Pollution des sols, déchets contaminés voire dangereux… les impacts sur l’environnement et la santé des populations locales sont très lourds, comme pour la famille de Yi-Jie.
Photo :
Ian Taylor
Déchets plastiques dans les rues en Chine, extrait de PlasticChina, réalisé par Jiu-Liang Wang, 2016
Leur histoire a cependant contribué à faire bouger les lignes. En Chine, en tout cas : deux ans après le documentaire Plastic China, Pékin a pratiquement fermé ses frontières aux déchets étrangers. Mais cela ne fait que déplacer le problème… La vraie solution, à terme, serait de réduire la production mondiale de ces déchets !
"Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas" Bea Johnson