Où l’on rencontre des artistes qui
ne sont pas aussi fous que l'on croit.
5 février 1919. Coup de
tonnerre à Hollywood !
Quatre des plus grandes stars de
cinéma viennent de signer un
contrat devant les caméras.
L’événement cause la
fureur des producteurs de films.
L’un d’eux s’exclame
même que ces "fous" prennent
"la direction de
l’asile". Comment un bout
de papier peut-il les mettre autant en
colère ? C’est que les
quatre vedettes, surnommées
les Big Four, viennent tout
simplement...
de se débarrasser de leurs
producteurs !
D.W. Griffith, Mary Pickford, Charlie
Chaplin (assis) et Douglas Fairbanks,
accompagnés de leurs avocats, lors
de la signature du contrat, 1919
(vidéo)
À l’époque, les
comédiens et réalisateurs
Douglas Fairbanks, Mary Pickford, Charlie
Chaplin et D.W. Griffith sont connus dans
le monde entier. Autant dire qu’ils
rapportent beaucoup d’argent aux
studios ! Mais c’est justement
le problème : pour les artistes,
ces entreprises s’en mettent plein
les poches à leurs dépens.
Douglas Fairbanks, Mary Pickford,
Charlie Chaplin et D.W. Griffith, 1919
Entrée du studio de Paramount
Pictures, Los Angeles,
États-Unis. Photo : Coolcaesar
Il faut dire que
les studios forment alors un
"trust".
En effet, l’ensemble du marché
du cinéma aux États-Unis est
contrôlé par seulement quelques
sociétés, les majors. Ce
sont elles
qui produisent, distribuent et
exploitent les films. Cerise sur le gâteau, elles
possèdent même les salles
où se rendent les spectateurs ! Elles
sont donc en position de force par
rapport aux artistes et imposent les
budgets comme les salaires...
C’est justement ce qui
déplaît à Fairbanks,
Pickford, Chaplin et Griffith qui
craignent de perdre toute liberté
créative. La solution ? Fonder leur propre société,
entièrement gérée par
les réalisateurs et les
comédiens ! Voilà
pourquoi ce 5 février 1919 est
si important : les Big Four
viennent de donner naissance à
laUnited Artists qui va gérer la
distribution de leurs films. Ils gardent
ainsi
le contrôle de leurs œuvres et de leurs recettes.
Logo de la United Artists de 1919 à
1967
Voir la bande annonce (en anglais) du
film James Bond 007 contre Dr No,
sorti en 1962 et distribué par la
United Artists
Certes, cette création
ne fait pas disparaître les grands
studios : leur trust sera démantelé plus
tard par une loi.
Mais la United Artists
soutiendra avec efficacité la
liberté des créateurs et les
films indépendants...
jusqu’à aujourd’hui,
avec à son compte de grands
succès, comme le premier
James Bond !
"Notre but n’est pas de gagner
de l’argent, nous voulons faire de
bons films… Notre seule
récompense sera la gloire, et aussi
les pas en avant que nous pourrons faire
librement dans l’art
cinématographique." - United
Artists