Quintette du Hot Club de France, couverture du magazine Jazz Hot n°8, mai 1936. De gauche à droite : Stéphane Grappelli (violoniste), Joseph Reinhardt (guitariste), Django Reinhardt (guitariste au centre), Louis Vola (contrebassiste), Pierre "Baro" Ferret (guitariste)
Novembre 1936, Zurich. L’heure du concert approche pour le Quintette du Hot Club de France, un groupe de jazz en vogue. Mais il y a un hic : un des membres manque à l’appel. Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du guitariste Django Reinhardt, la tête d’affiche !
À l’époque, la guitare s’invite tout juste dans les clubs de jazz et Django s’y fait une place de choix. Détenteur d’un style de jeu particulier, le guitariste a aussi participé à créer un genre novateur : le jazz manouche. Celui-ci mêle les sonorités tsiganes et la chanson française au jazz américain.
William P. Gottlieb, Django Reinhardt à l'Aquarium Jazz de New-York, 1946, collection de la Bibliothèque du Congrès, Washington D.C.
Portrait de Joseph Reinhardt. Photo : DR
Mais l’artiste est imprévisible. Et ce soir-là, Django est sur les routes, dans sa roulotte avec sa compagne, tandis que ses camarades désespèrent de le voir arriver. Dans la salle, on s’impatiente et l’organisateur envisage d’annuler le concert, privant les musiciens de leurs cachets…
In extremis, le groupe a une idée : son frère Joseph, surnommé "Nin-Nin", n’a qu’à le remplacer. Celui-ci est membre du groupe et guitariste lui aussi. Et après tout, le public zurichois ne connaît pas le visage de Django. Mission réussie ! Les spectateurs n’y voient que du feu et la performance du soliste improvisé est applaudie.
Ce passage dans la lumière se termine bien vite lorsque le chef du groupe réapparaît quelques semaines plus tard. L’épisode a tout de même des conséquences : dans les années qui suivent, le cadet effacé s’affirme. Nin-Nin enregistre avec d’autres musiciens ou en solo et crée même son propre groupe.
Stéphane Grappelli (au violon) et Joseph Reinhardt (à la guitare), Minor Swing, composé par Stéphane Grappelli et Django Reinhardt en 1937
Joseph Reinhardt, Joseph Reinhardt joue... Django, 1958, Les Discophiles Français
Mais la relation solide des deux frères n’en est pas rompue pour autant. Après la mort de Djangoen 1953, Joseph arrête même la musique pour reprendre une vie de manouche nomade.
Ce n’est que cinq ans plus tard qu’il remonte sur scène avec un nouveau quintette. Une fratrie à la vie, à la mort !
"Vassal effacé du grand frère, fidèle porteur de guitare, pourvoyeur en cordes de rechange" - Charles Delaunay, manager du Quintette, à propos de Joseph Reinhardt
Après le jazz manouche des années 1930, on vous propose un nouveau saut musical dans l’espace-temps, direction… la péninsule ibérique et l'Amérique à l’époque de la Renaissance !
Vous pourrez entendre un large éventail de styles : des œuvres espagnoles et portugaises du 16e siècle, mais aussi boliviennes ou brésiliennes, sans oublier de la musique précolombienne inca !