Lyon, 1971. Un évènement tragique frappe l’usine Peñarroya, une grande société de mine et de métallurgie. Quelques jours avant Noël, l’ouvrier Mohamed Salem meurt écrasé sous un couvercle de four d’1,5 tonne. Cette tragédie est le fruit de plusieurs années de négligence de la sécurité dans l’usine.
C’en est trop ! En réaction, les ouvriers, qui sont pour la plupart des travailleurs immigrés, se mettent en grève. Leurs revendications ? De meilleurs salaires et l’amélioration des conditions d’hygiène et de sécurité.
Et ils ne sont pas les seuls à s’indigner. Très vite, des intellectuels et artistes se mêlent à la lutte, dont la chanteuse Colette Magny.
Article sur la grève des travailleurs de Peñarroya dans le journal Saint-Denis Républicain du 5 février 1971
Cliquez sur l'image pour écouter Melocoton Colette Magny dans les années 70. Photo : DR
Celle qui aime reprendre des poèmes français ou des classiques du blues est surtout connue pour son tube Melocoton.
Mais dans les années 70, elle met aussi son talent au service de différentes causes et se crée un style bien à elle. Ses chansons se détachent du modèle ordinaire couplet-refrain : l’artiste mêle à son chant du texte parlé et des cris, clamant tout fort ses idées !
Cliquez sur l'image pour écouter Je rase les murs, un morceau qu'ils ont composé ensemble Colette Magny aux côtés des grévistes de Peñarroya, 1971
Apprenant le drame de Peñarroya, la chanteuse est révoltée et décide de se rendre sur place. Entre deux concerts de soutien aux grévistes, elle crée avec eux des chansons qui dénoncent leurs mauvaises conditions de travail.
Ces morceaux s’appellent Salem, L’exil, Mustapha, ou encore Je rase les murs… Et tous racontent la mélancolie de ces travailleurs qui ont dû quitter leur pays pour venir exercer des métiers très difficiles. La voix grave et passionnée de Colette Magny porte celle des hommes que l’on n’écoute pas.
Après 33 jours de grève, les ouvriers de Peñarroya doivent retourner à l’usine. Leur action les aura quand même menés à certaines victoires !
On leur promet par exemple des journées moins longues et mieux rémunérées, mais aussi un meilleur suivi médical. Peut-être les chansons de Colette Magny n’y sont-elles pas tout à fait pour rien…
Affiche d'un concert avec Colette Magny en soutien aux travailleurs de Peñarroya, 7 mars 1971
''Notre santé n’est pas à vendre !'' Slogan des grévistes de Peñarroya
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