Janvier 1884, Paris. Manon, la nouvelle œuvre du compositeur Jules Massenet, se joue sur les planches de l’Opéra-Comique. C’est un triomphe ! Impressionné, le directeur de l’établissement, Léon Carvalho, s’empresse de passer une nouvelle commande à Massenet. Et ce dernier a justement un autre projet en tête.
Jules Massenet souhaite adapter un best-seller de la littérature : Les Souffrances du jeune Werther de Goethe.
Cliquez pour écouter un extrait Jules Massenet (compositeur), Henri Meilhac (librettiste), Manon, créé à l'Opéra-Comique en 1884
Johann Wolfgang von Goethe, Les Souffrances du jeune Werther, 1774, page de garde de la deuxième édition de 1787
Celui-ci raconte l’histoire d’un amour impossible entre Werther et Charlotte, unis par leur goût commun pour la nature et la poésie. Hélas, la belle est déjà mariée... L’ouvrage est ainsi un chef-d’œuvre du romantisme, avec ses passions exaltées et sa fin sombre.
Trois ans de travail plus tard, le moment est venu de présenter l’opéra tiré du roman à Léon Carvalho. Et surprise, il déteste ! "Ce sujet est sans intérêt. Il est condamné d’avance", explique-t-il à un Massenet déçu. Le problème ? L’opéra est jugé trop triste, voire choquant en raison de sa fin tragique. Il n’a pas sa place à l’Opéra-Comique.
Jules Massenet ne se laisse pas abattre : puisque sa Manon fonctionne aussi en Autriche, c’est là-bas qu’il propose Werther.
Et cette fois, ça marche ! Le directeur de l’opéra de Vienne accepte de monter le nouvel opéra, traduit en allemand pour l’occasion.
Le public autrichien peut ainsi admirer toute la virtuosité du compositeur. Massenet parvient à créer une atmosphère intime malgré l’utilisation d’un grand orchestre symphonique qui magnifie les émotions. Certains thèmes musicaux, qui évoluent au cours de l’opéra, soulignent la propre évolution des sentiments des personnages.
Devant le succès, Léon Carvalho finit par revenir sur sa décision. Le directeur de l’Opéra-Comique rappelle Massenet pour enfin faire jouer Werther à Paris. Et ses peurs se sont révélées infondées : si les critiques sont, au début, réservés, le triomphe est total en 1903. Comme quoi, il suffisait à Massenet d’être un peu patient !
Eugène Grasset, affiche pour la première de Werther à l'Opéra-Comique, 1893, Bibliothèque nationale de France, Paris
"Tout le monde aime Massenet, sauf peut-être les habitants de la planète Mars…" Reynaldo Hahn
Et si on se donnait rendez-vous à l'Opéra-Comique ?
Car oui, Werther, Charlotte et leurs émois amoureux retrouvent les planches de l’Opéra-Comique à partir de janvier ! Dans une toute nouvelle mise en scène imaginée par le talentueux Ted Huffman, l’opéra de Massenet pourra à nouveau faire pleurer le public français.
Servi par le chef d’orchestre Raphaël Pichon et par les incroyables interprètes Pene Pati, Adèle Charvet et Julie Roset, Werther s’annonce comme l’événement musical de ce début d’année.
Pendant six soirées, du 19 au 29 janvier, vous pourrez vibrer au son de cette œuvre intemporelle et de ses airs, tous devenus des classiques. N’oubliez pas vos mouchoirs !
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