Faustine Parmantié, Portrait de Maria Theresia Paradis, 1784
1785. Mozart, penché sur son bureau, compose la partition d’un nouveau concerto pour piano. Il se dépêche : dès le travail fini, l’œuvre, commandée par une musicienneprestigieuse, doit être envoyée à Paris...
En effet, sa commanditaire n’est autre que son amie, Maria Theresia Paradis. Mozart est un grand admirateur de sa virtuosité au clavier et il n’est pas le seul : la jeune Autrichienne est en pleine tournée européenne triomphale. D’où sa présence en France !
Pourtant, rien ne prédestinait Paradis à un tel destin. Si elle est issue d’une bonne famille, elle perd la vue toute petite, à seulement trois ans. C’est donc à l'oreille seulement qu’elle apprend le solfège, le chant et le piano.
Modèle du panneau utilisé par Paradis pour composer, dans l'article When Disability and Music Met Maker Culture: The Long(er) History of Accessible Music Notation, publié dans Eighteenth-Century Music. Photo : Adeline Mueller, 2025. Publié par Cambridge University Press
Pour jouer, il lui est impossible de se laisser guider par une partition : Maria Theresia Paradis apprend par cœur des centaines d’œuvres, qu’elle peut interpréter à tout moment. Ce travail acharné paie... Le public est impressionné par la musicienne, qu’il surnomme "L’Enchanteresse". À Paris, elle est même invitée à jouer en duo avec la reine.
Mais Maria Theresia Paradis ne s’arrête pas là. Comme son ami Mozart, elle compose. Ses opéras, concertos et autres Lieder (des poèmes chantés) sont exigeants et font la part belle à la virtuosité. Et pour l’aider, son compagnon, Johann Riedinger, met au point un système de notation musicale. Paradis utilise donc unpanneau percé de trous qu’elle remplit avec des éléments métalliques représentant les notes. Un assistant recopie ensuite la musique sur une partition.
Reconstitution du panneau utilisé par Paradis pour composer, dans l'article When Disability and Music Met Maker Culture: The Long(er) History of Accessible Music Notation, publié dans Eighteenth-Century Music. Photo : Adeline Mueller, 2025. Publié par Cambridge University Press
Hélas, très peu d’œuvres de cette compositrice nous sont parvenues... Il n’empêche: elles donnent une bonne idée de son talent.
Et son héritage va au-delà : en effet, Paradis a aussi co-fondé les premières écoles pour aveugles à Paris et Vienne. Il faut dire qu’elle a prouvé qu’il fallait leur donner les mêmes chances qu’à tous !
Façade extérieure de l'Institut National des Jeunes Aveugles à la fin du 19e siècle, Paris, fondé en 1785 par Valentin Haüy et Maria Theresia Paradis
"Je cherche les notes qui s’aiment." Wolfgang Amadeus Mozart
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