Usine Ford Motor Company, Détroit, 1914. Photo : Digital museum
1928. Le compositeur Maurice Ravel est en pleine tournée américaine. Entre deux concerts, il en profite pour visiter les États-Unis. À son arrivée à Detroit, il fait un détour pour découvrir les usines Ford ! Ravel peut ainsi voir les machines et les ouvriers qui produisent les premières automobiles à la chaîne. Un spectacle qu’il juge aussi fascinant que terrifiant...
Et son intérêt pour le monde industriel ne date pas de la veille.
Grâce à son père, ingénieur et inventeur, Maurice Ravel a toujours baigné dans cet environnement. C’est à Levallois-Perret, banlieue ouvrière de Paris, qu’il a vécu plusieurs années. Et même chez lui, il s’entoure d’une série de petits jouets mécaniques.
Bien sûr, cette passion finit par déborder dans son art. Soucieux du moindre détail, il aime les compositions ciselées, au rythme retranscrivant celui des machines. Pas étonnant qu’on le surnomme "l’horloger suisse" !
Maurice Ravel émaille ainsi l’opéra L’Heure espagnole de bruits mécaniques. Quant au troisième mouvement de son concerto pour piano en sol, il vrombit comme un moteur... Autant de créations qui entrent dans ce qu’on appelle aujourd’hui "l’Artfaber".
Cliquez pour écouter L’Heure espagnole, opéra composé par Maurice Ravel Portrait de Maurice Ravel, 1928, Bibliothèque nationale de France, Paris
Le bureau de Maurice Ravel chez son frère Édouard dans la maison de Levallois-Perret, décorée par Léon Leyritz dans le style paquebot, 1930. Photo : Lebrecht Music & Arts Cliquez ici pour découvrir l'Art faber
Ce concept rassemble un corpus d’œuvres ayant pour thème le monde économique et notamment l’industrie. Chez Ravel, cela se traduit par l’invention de sons modernes, dignes de la "merveilleuse symphonie des courroies, des sifflets (...)" qu'il entendait en visitant les usines.
À son retour des États-Unis, Maurice Ravel se lance dans une composition encore plus radicale : Bolero. Cette "machine", comme il l’appelle, possède une mécanique implacable : elle est formée d’une ritournelle obsédante et monotone accompagnée par un motif joué à la caisse claire qui est répété 169 fois, telle une machine qu'on ne peut plus arrêter !
Avec Bolero, Ravel tient son chef-d’œuvre, mais il ne s’arrête pas là : peu après, il se fait aménager un studio dans la maison attenante à l’usine où travaille son frère ingénieur. De quoi continuer à trouver l’inspiration...
"J'ai trouvé la plupart de mon inspiration dans les machines. J'adore aller dans les usines et voir de vastes mécanismes à l'œuvre. C'est grandiose et fascinant." Maurice Ravel
Entrez dans les rouages de Bolero !
Dans leur livre passionnant, La muse méconnue de Maurice Ravel, Alexis Brodsky, Jérôme Duval-Hamel et le Collectif de l'Art faber éclairent d’un nouveau jour les œuvres du célèbre compositeur. À travers l’analyse de sa fascination pour le monde industriel, on découvre une autre clé d’écoute de ses musiques toujours si modernes.
Et c’est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur le Collectif international de l’Art faber. Composé de personnalités issues des scènes artistique, économique et académique, il étudie les œuvres ayant pour thème le travail et les mondes économiques dans toutes les disciplines artistiques, avec déjà de nombreux ouvrages publiés.
Bravo aux gagnants du tirage au sort, Catherine D. et Michel D. ! Chacun gagne un livre, des livrets Artips ou un accès illimité à nos parcours culturels en ligne.
À partir de demain, les compteurs sont remis à zéro, et le concours reprend. Bonne chance à vous !
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