Enregistrement d'un orchestre avec des instruments à cordes Stroh, début du 20e siècle
Gramophone d'enregistrement, 1887. Photo : National Gallery of Art
Angleterre, fin du 19e siècle. Que font ces musiciens, collés-serrés devant un grand cornet métallique ? Ils enregistrent un disque bien sûr ! C’est une petite révolution pour le monde de la musique : celle-ci n’est plus réservée aux seules salles de concert.
Cependant, ce "gramophone" qui capte les vibrations du son pour ensuite les graver sur un support est loin d’être parfait.
Il ne perçoit que les sons les plus forts : face aux puissants instruments à vents,les cordes ne font pas le poids et passent inaperçues... Heureusement, un certain Augustus Stroh se met en tête de trouver une solution.
Cet ingénieur en électricité d’origine autrichienne travaille notamment sur l’amélioration du gramophone. En l'occurrence, il décide de s’attaquer non pas au dispositif d’enregistrement, mais... aux instruments eux-mêmes. Ainsi, il remplace la caisse de résonance en bois d’un violon par un tube et un pavillon en métal, comme sur un gramophone.
Violon Stroh, début du 20e siècle. Photo : SuperManu, CC BY-SA 3.0
Comment cela fonctionne-t-il ? Eh bien, les vibrations des cordes, provoquées par l’archet, passent par le chevalet sur lequel elles reposent, jusqu’à une pièce circulaire en aluminium, appelée "diaphragme". Le son continue ensuite son chemin dans le tube puis se trouve amplifié par le pavillon en métal. Il est alors jusqu’à quatre fois plus fort que celui d’un violon classique, mais aussi mieux dirigé vers le cornet de l’enregistreur. Problème réglé !
Violon Stroh, brevet du 6 mars 1900
En 1899, l’inventeur dépose donc un brevet en Angleterre pour son violon (ou tout autre instrument à cordes) à pavillon. Après sa validation l’année suivante, le fils Stroh s’occupe de lancer la fabrication.
Mais vingt-cinq ans plus tard, l’arrivée de l’enregistrement électrique change la donne. En élargissant le spectre de sons captés par la machine, les instruments de Stroh deviennent inutiles. Mais ils ne disparaissent pas pour autant: leur son particulier, un peu nasillard, continue de résonner dans différents orchestres notamment en Roumanie!
Plusieurs instruments à cordes de la gamme Stroh, magazine inconnu, début du 20e siècle
"Comme jouer du violon ou du piano, penser exige une pratique quotidienne." Charlie Chaplin