Image extraite du reportage France 24 L'imzad, le violon joué seulement par les femmes touareg, 2016
Paul Hermans, Imzad, 2019. Photo : CC BY-SA 4.0
Au beau milieu du Sahara, un groupe s’est rassemblé pour chanter des poèmes d’amour et d’aventure. Pour les accompagner, une musicienne frotte de son archet un curieux instrument qui produit un son rauque et envoûtant. Celui-ci n’est autre qu’une sorte de violon... à une seule corde !
Cet instrument, c’est l’imzad. Emblématique de la musique touarègue, il est joué exclusivement par les femmes en Algérie, au Mali ou encore au Niger, notamment lors des festivités. Eh oui, dans la tradition touarègue, les femmes donnent le tempo. C’est la mère qui transmet les traditions d’une culture orale rythmée par la musique. Et gare aux hommes qui voudraient s’essayer à l’imzad ! Il le leur est interdit sous peine de s’attirer une malédiction…
Fabrication d'un Imzad
Aux femmes revient aussi la mission délicate de fabriquer l’instrument à partir d’une demi-calebasse. La fabricante tire une peau sur cette base, puis y perce des trous (les "ouïes"). Un bâton sert de manche, permettant de tendre une corde en crins de cheval. Il ne reste plus qu’à réaliser l’archet, à partir d’un bâton souple recourbé en arc de cercle et de crins de cheval.
Hélas, ce patrimoine unique a bien failli disparaître ! Au début du 21e siècle, les joueuses se font rares, menaçant d’oubli l’imzad et avec lui tout un pan de la culture touarègue. On n’en compte plus que deux dans toute l’Algérie.
Heureusement, les Touaregs se mobilisent et donnent naissance à l’association Maison de l'imzad en 2003. Trois écoles sont même créées dans le sud de l’Algérie afin de transmettre cet art à de nouvelles élèves. La corde sensible de l’imzad vibre aujourd’hui de plus belle et mieux encore : sa pratique est désormais inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO !
Françoise Ramel, Élèves apprenant l'imzad au Centre de Formation et de Promotion Musicale El Hadj Tayya, Niamey (Niger), 2018. Photo : CC0
Cliquez pour découvrir la vidéo Le groupe de musiciens touaregsTARTIT, 2019, Centre Vieille Charité, Musée A.A.O.A, Marseille
"L’imzad est aux Touaregs ce que l’âme est au corps." Hadj Moussa Akhamok