États-Unis, fin des années 1990. Le réalisateur James Cameron est en plein montage de son long-métrage sur le naufrage du Titanic, survenu en 1912. Mais quelle musique serait appropriée pour accompagner l’histoire d’amour impossible entre deux personnages de fiction, qui se joue au cœur de cette tragédie ?
À gauche : James Cameron en 2000. Photo : John Mathew Smith, CC BY-SA 2.0. À droite : James Horner en 2010. Photo : FERT98, CC BY-SA 4.0
Cameron fait appel au compositeur James Horner, avec qui il a déjà collaboré, et lui demande de créer une bande-son uniquement instrumentale, plus solennelle selon lui, et donc plus en phase avec la tonalité dramatique du sujet.
Pas question de rajouter une chanson pop par-dessus les images déchirantes des amants qui luttent pour survivre au milieu du chaos.
Horner se met donc en besogne, en respectant les directives de Cameron. Il utilise notamment des instruments typiquement irlandais pour évoquer les origines du paquebot, construit à Belfast, ou encore d’autres plus classiques comme le piano, ainsi que des synthétiseurs. Mais pour le générique de fin, il a sa petite idée...
Sans en toucher un mot au réalisateur, il rend visite à la chanteuse canadienne Céline Dion, dont il admire la voix.
Instruments irlandais utilisés pour la bande-son de Titanic À gauche : Deux flûtes irlandaises (tin whistles). Photo : Neitram, CC BY-SA 4.0. À droite : Cornemuse irlandaise (uilleann pipes). Photo : Vintage-aars, CC BY-SA 4.0
Céline Dion en 1998. Photo : Linda Bisset, CC BY-SA 2.0
Horner se met au piano et commence à jouer le morceau My Heart Will Go On tout en fredonnant les paroles écrites par son acolyte Will Jennings. Des années plus tard, la star avouera qu’elle n’avait pas franchement été séduite par ce premier aperçu… C’est son mari et agent qui la persuade d’enregistrer une démo. Et là, la magie opère.
Pendant des semaines, Horner aurait gardé dans sa poche la cassette contenant le fameux enregistrement de la chanson, avant de trouver le moment opportun pour la faire écouter à Cameron.
Et il parvient à le faire changer d’avis : la voix de Dion, loin d’interférer avec la fin poignante, prolonge l’émotion du film.
C’est ainsi que cette chanson qui n’aurait jamais dû voir le jour finit par rafler de nombreuses distinctions, dont l’Oscar de la meilleure chanson originale. Un succès… titanesque !
Will Jennings, Céline Dion et James Horner avec leurs récompenses à la cérémonie des Oscars en 1998. Photo : REUTERS / Bridgeman Images
"N'oubliez jamais que ce sont des professionnels qui ont construit le Titanic et des amateurs l'Arche de Noé." - Anonyme