Aujourd'hui : "Il a pris la fuite !"

Pourquoi un molosse saute-t-il sur ce pauvre homme sans défense ? Ce dogue hargneux aux griffes acérées ne laisse aucune chance à cet homme à la musculature pourtant surdéveloppée.
Pourquoi représenter une scène aussi cruelle ?

Le titre, qui fera polémique, nous indique la raison : il s’agit d’une "Chasse au nègre" !

L'homme attaqué est en réalité un "marron", c'est-à-dire un esclave fugitif. Quand un esclave prenait la fuite, ses bourreaux se livraient au "marronnage", une "chasse au nègre" mobilisant chiens et fusils pour retrouver et tuer sur place le pauvre gibier humain.

Mais dans quel but représenter une telle atrocité ?

Quand Félix Martin sculpte La Chasse au nègre, cela fait déjà 25 ans que l'esclavage a été aboli en France. L'œuvre se dresse donc en manifeste abolitionniste dans un continent parfois encore nostalgique de l'esclavage.

Mais l'œuvre n'est pas du goût de tout le monde ! En 1932, un an après que l'exposition coloniale de Paris a glorifié la colonisation française, l'œuvre est jugée trop subversive. Le Président de l'Institut Colonial Français obtient le retrait de l'inscription "Chasse au nègre" de son socle. Un titre beaucoup plus neutre - Noir attaqué par un molosse - s'y substitue, dénaturant en même temps tout le message de la sculpture.

Aujourd’hui, l’œuvre est exposée à la Piscine de Roubaix, qui lui a redonné toutes ses lettres de noblesse.

Une sculpture qui impressionne toujours autant les visiteurs, et les invite à réaliser un travail de mémoire.

Pour en savoir plus :

Sur l'œuvre

Sur le marronnage



Pour recommander cet Artips :

Retrouvez cette sculpture à la Piscine de Roubaix grâce à la C’Art. La C’Art, le pass des musées de la métropole lilloise, offre un accès illimité d’un an à 5 musées : le Palais des Beaux–Arts de Lille, la Piscine de Roubaix, le LaM à Villeneuve d’Ascq, le MUba et le Fresnoy à Tourcoing.