Mois de mars, grotte Chauvet, Ardèche. Ça y est, c’est le grand jour ! Le printemps pointe le bout de son nez et les scientifiques se préparent pour l’évènement tant attendu : la campagne de recherche dans la grotte.
Car ce lieu extraordinaire découvert en 1994 est une véritable mine d’or pour les scientifiques ! En plus de ses concrétions (comme par exemple les stalactites et stalagmites), elle contient des peintures rupestres, des traces de pas d’humains préhistoriques ou encore des ossements d’animaux.
Mais les scientifiques ne peuvent y accéder qu’une fois par an pour l’étudier, à raison de quatre semaines au mois de mars. Pourquoi ? Eh bien, pour des raisons de conservation mais aussi à cause du taux de CO2.
En effet, le changement climatique et la végétation au-dessus de la grotte font augmenter le taux de CO2 présent à l’intérieur: 1à 3% de CO2 en volume selon les saisons, c’est-à-dire 70fois plus qu’à l’extérieur. Pour leur propre protection, les équipes de recherches doivent donc s’y rendre en mars: c’est la période durant laquelle le taux de CO2 est le plus bas!
Seulement, quelques semaines par an, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour étudier la grotte… Alors, les scientifiques ont dû s’organiser. Vêtus de pied en cap, en équilibre sur une passerelle de 60 cm de large pour ne pas abîmer les sols, les géologues côtoient anthropologues, chimistes, archéologues, physiciens et paléontologues…
Les agendas de tout ce beau monde sont synchronisés pour s’adapter à cette contrainte… qui est devenue une force !
Le contexte particulier a favorisé l’interdisciplinarité, permettant de retracer l’histoire de la grotte de manière encore plus précise, notamment grâce à l’appui de micro-prélèvements.
Et comme il est impossible de faire des fouilles, les scientifiques étudient les détails en faisant des photos… de loin!
Ainsi, l’appareil est fixé au bout d’une perche télescopique (parfois longue de 9 mètres !) et se déclenche toutes les cinq secondes, le temps nécessaire pour changer d’angle de vue. Mieux encore, la photogrammétrie permet ensuite de fabriquer des images 3D à partir de ces nombreuses prises de vue.
Grâce à ces outils et à cette collaboration, les scientifiques récoltent ainsi des données précieuses tout en préservant la grotte pour les générations futures. Une véritable équipe de choc !
"L’union fait la force". Ésope
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2024 est une année particulière pour tous les curieux qui admirent la grotte Chauvet… On célèbre en effet les 30ans de sa découverte et les 10 ans de son inscription au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.
Pour l’occasion, la Cité des sciences et de l’industrie vous propose de vous mettre dans la peau de l’équipe de recherche qui travaille sur ce lieu si particulier. Dans l’exposition Grotte Chauvet, l’aventure scientifique, qui se tient jusqu’au 11mai2025, vous pourrez ainsi apprendre à décrypter les peintures pariétales mais aussi à analyser les vestiges d’ours, de loups, les traces de feux ou encore les incroyables stalactites du lieu.
L’occasion rêvée d’en apprendre plus sur l’une des grottes les plus spectaculaires jamais découverte !