Où l'on rencontre un prédateur qui tient ses proies en laisse.
Une guêpe émeraude (Ampulex compressa) entraînant une blatte dans son terrier. Photo : Dianakc
Dans les îles du Pacifique, une petite guêpe tire fermement une blatte par une antenne pour la guider jusqu'à son terrier. Amorphe, la malheureuse victime se laisse faire et marche mécaniquement vers son destin… Un destin pourtant bien peu reluisant : se faire dévorer vivante !
La guêpe en question est une guêpe émeraude (Ampulex compressa), une espèce parasite vivant dans les régions tropicales du globe.
Si elle s'intéresse tant à cette blatte, c'est qu'elle va servir tout à la fois de couffin et de nourriture à ses larves. On parle "d'endoparasitisme". Pour contraindre la blatte à cette passivité mortelle, la guêpe a une arme secrète : du venin !
Directement injecté dans les ganglions (l'équivalent du cerveau) de la blatte, il bloque l'action de "l'octopamine", un neurotransmetteur impliqué dans la préparation des mouvements complexes (comme la fuite…).
Une guêpe émeraude. Photo : Martin Heigan
Résultat, la blatte devient incapable du moindre mouvement volontaire. Un vrai zombie !
La guêpe n'a alors plus qu'à la conduire jusqu'à son terrier. Là, elle va pondre un œuf entre les pattes de la blatte, puis quitter son abri en le rebouchant derrière elle. Le reste ne la regarde plus !
Une guêpe émeraude attaquant un cafard. Photo : Catania, Brain, Behaviour and Evolution
Trois jours plus tard, l'œuf va donner naissance à une larve, qui va se frayer un chemin jusqu'à l'intérieur de l'abdomen de son hôte… toujours bien vivant et incapable de fuir !
Puis elle commence à se nourrir de ses organes internes. Une fois ces derniers entièrement dévorés (au bout de huit jours, tout de même), la larve commence à fabriquer un cocon dans le corps de son hôte, avant de s'y enfermer.
Finalement, c'est une guêpe adulte qui sort de son cocon puis s'extirpe du cadavre de la blatte, prête à commencer sa vie à l'air libre. Un vrai scénario de film d'horreur, non ? Eh oui, la nature est parfois brutale…