Où l’on apprend que tout ce qui est vert n’est pas forcément bon pour la santé.
Rustic Adornments for Homes of Taste (Ornements rustiques pour maisons de goût), 1857, examiné par Melissa Tedone. Photo : Winterthur Museum, Garden & Library
2019, États-Unis. Melissa Tedone, conservatrice au Winterthur Museum, a les yeux rivés sur son microscope. En grattant la surface d’un vieux livre vert émeraude, elle a constaté que la couleur s’écaille facilement… Cette teinte bien particulière lui rappelle le “vert de Paris”, une substance particulièrement toxique pouvant entraîner de graves dysfonctionnements neurologiques, voire la mort !
En effet, ce pigment est un composé de l’arsenic, un poison bien connu des amateurs de romans policiers. Cela n’a pas empêché le "vert de Paris", dont la couleur est très appréciée au 19esiècle, de recouvrir de nombreux objets du quotidien, comme les premiers livres en toile de reliure. Il ne serait donc pas étonnant que l’ouvrage examiné par Melissa Tedone en contienne…
Pour en avoir le cœur net, elle décide de faire analyser la couverture du livre par Rosie Grayburn, responsable scientifique du musée.
Pour connaître la composition du pigment, Rosie Grayburn se sert alors d’un spectromètre à fluorescence X. Comment ça marche ?
Eh bien, il faut savoir que les rayons X sont constitués de particules appelées “photons”. Un faisceau de rayons X est donc envoyé sur l’objet à analyser et excite les atomes en surface. Une fois excité, l’atome est très instable et cherche à se débarrasser de son trop-plein d’énergie en émettant un autre photon X. Ce dernier est alors capturé et analysé par des détecteurs placés autour de l’objet afin que l'atome excité soit identifié.
Utilisation de la spectrométrie à fluorescence X pour analyser une couverture de livre datant d’environ 1850. Photo : Université du Delaware
Cliquer sur le schéma pour le voir en grand Atome excité par un faisceau de rayons X
Grâce à ce test, les deux collègues identifient la présence de cuivre et d’arsenic dans le livre. Après d’autres examens, elles sont formelles : il s’agit bien du vert de Paris. Certes, la dose d’arsenic est très faible, mais le danger existe : l’inhalation de particules peut provoquer des malaises ou des douleurs, et le contact sur la peau des irritations.
Ces livres verts doivent donc être manipulés avec précaution et Melissa Tedone s’est donné pour mission de tous les référencer. C’est bien la seule fois où l’on peut dire que lire nuit à la santé !
Marque-page d’échantillon à côté d’un livre coloré au vert de Paris. Photo : Evan Krape, Université du Delaware
“Faire semblant qu’un danger n’existe pas, c’est le meilleur moyen de tomber dedans.” Alain Rey
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