Où l’on pratique une discipline qui demande autant de cerveau que de biscotos.
Manuscrit MS.I.33., fin du 13e siècle. Photo : Royal Armouries
Début des années 1990, États-Unis. L’universitaire Patri Pugliese a un hobby plutôt étonnant : il passe son temps à photocopier de vieux manuscrits d’escrime. Ensuite, direction le bureau de poste pour les envoyer à des curieux de sports de combat ancestraux.
Mais pourquoi se donne-t-il tant de mal ?
Diplômé de l’université de Harvard en histoire des sciences, le quadragénaire s’est ensuite spécialisé en histoire de la danse. Ajoutez à cela une mère championne d’escrime, qui concourt toujours à plus de 80 ans, et vous obtenez… un vif intérêt pour les arts martiaux occidentaux anciens !
Seulement voilà : si une poignée d’érudits étudie dès le 16e siècle les arts martiaux médiévaux, la recherche sur ce sujet est ensuite délaissée, particulièrement suite au traumatisme des guerres mondiales. Un regain d’intérêt pointe le bout de son nez dans les années 1970, avant que la démarche de Pugliese ne permette finalement la création d’une véritable communauté d’aficionados.
Pratiquants d'AMHE. Photo : Fédération Française des Arts Martiaux Historiques Européens, DR
Démarrant dans les bibliothèques, leur recherche dépasse cependant les livres : l’objectif est de décrypter les textes, l’iconographie et les trouvailles archéologiques, pour comprendre comment on se battait autrefois… et mettre tout ça à l’épreuve du corps ! Après avoir potassé les sources, les pratiquants des “arts martiaux historiques européens” (AMHE) débattent de l’interprétation des sources, exécutent les gestes tels qu’ils les ont compris, voient si ça marche, puis ajustent.
Et leur tâche est immense ! Ils couvrent une période allant de l’Antiquité jusqu’à la Première Guerre mondiale. Lutte, escrime, utilisation de la hache ou encore du bâton… toutes les pratiques qui n’impliquent pas d’arme à feu entrent dans leur champ d’intérêt.
Adhérents d'AMHE en train de consulter les sources historiques. Photo : Fédération Française des Arts Martiaux Historiques Européens, DR
Combat en AMHE. Photo : excalibur-dauphine. com
Jusqu’à sa mort en 2007, Patri Pugliese continue son travail de recherche et de diffusion. Depuis, Internet facilite beaucoup la progression de la discipline à travers le monde. D’ailleurs, depuis 2002, les rencontres internationales d’AMHE ont lieu en France. Cocorico !
"L’histoire est la science du malheur des hommes." Raymond Queneau