Portrait d'Henriette d'Angeville dans Les Alpinistes célèbres, Paris, 1956, Collection G. & C. Franke. Photo : J.Colomb-Gérard
3 septembre 1838, à Chamonix. Henriette d’Angeville, 44 ans, lorgne sur le Mont Blanc depuis quelques mois. Elle a en tête un projet fou : atteindre les 4 810 mètres d’altitude de ce sommet, le plus haut d’Europe occidentale.
Depuis la première ascension réussie de la "montagne maudite", une cinquantaine d’années auparavant, seule une poignée d’expéditions ont réussi à reproduire cette prouesse. Et dans ces expéditions, une seule femme, Marie Paradis. Cette dernière reconnaît cependant avoir été poussée, voire hissée, par les guides qui l’accompagnaient.
Si elle part évidemment avec guides et porteurs, Henriette d’Angeville a bien l’intention de parvenir au sommet portée par ses seules jambes ! Et ce même si elle semble être la seule à y croire : issue d’une famille aristocratique, ses proches (et la société) voient sa place au sein du foyer plutôt qu’en haute-montagne.
Mont Blanc, France. Photo : Simon
Qu’importe, elle débute son ascension en ce matin du 3 septembre. Après des débuts en bonne forme, les choses se corsent au fur et à mesure de la montée.
"Là commence une atroce souffrance, une horrible lutte contre le sommeil accompagnée de palpitations et de suffocations". La voyant frappée par le mal des montagnes, l’un de ses guides lui propose de l’aide… Piquée au vif dans sa fierté, il ne lui en faut pas plus pour continuer malgré tout.
À une heure du matin passée, elle y est : la première femme à atteindre le sommet du Mont Blanc sans aide physique ! Et comme si l’exploit n’était pas assez grand, elle demande à l’un de ses guides de la porter sur ses épaules, devenant ainsi "la femme qui a été plus haut que le Mont Blanc"… Une histoire qui donne envie de déplacer des montagnes !
Ascension du Mont Blanc par Mlle d'Angeville, 1835, colorisé par F. Baumann
"Quand tu arrives en haut de la montagne, continue de grimper." Proverbe tibétain