Où l’on rencontre un homme qui laisse la
technologie muette.
Jeux Olympiques de Mexico, 18 octobre
1968. L’atmosphère est
électrique. Alors que l’orage
gronde au loin, Bob Beamon, tout
juste 22 ans, s’apprête à
inaugurer l'épreuve finale de
saut en longueur.
Le jeune athlète américain a
de quoi être tendu : ayant
"mordu" ses deux premiers sauts
la veille (son pied a franchi la limite
autorisée), il a failli ne pas
être qualifié pour la finale.
Beamon s'élance et, contre toute
attente, se hisse à 1,82 mètre
au-dessus du sol puis retombe…
au-delà de la zone prise en compte
par les instruments de mesure
électroniques ! Stupéfaits,
les juges doivent sortir leur ruban
décamètre pour
calculer la longueur de ce saut
exceptionnel.
Bob Beamon aux Jeux Olympiques de
Mexico, 1968. Photo : Dutch national
archives CC BY-SA 3.0
Bob Beamon battant le record du monde
aux Jeux Olympiques de Mexico, 1968
Lorsqu’on lui annonce le verdict,
Bob n’en revient tellement pas que
ses jambes le lâchent et qu'il
s'effondre sur le sol. Jusque-là, le
record mondial était de 8,35
mètres, or il vient de sauter à
8,90 mètres.
Une
performance sans précédent !
La force du vent ou la haute altitude de
Mexico - qui peuvent donner un avantage
aux sportifs - y sont-elles pour quelque
chose ? Ce qui est sûr, c’est que
Beamon vient de pulvériser le
record de 55 centimètres.
Bob Beamon en 2018 lors du 50e
anniversaire des JO de Mexico de 1968.
Photo : ProtoplasmaKid
Difficile de passer après une telle
prouesse... D’ailleurs, un
concurrent aurait déclaré au
nouveau recordman : "Tu as
détruit cette épreuve" !
Il faut en effet attendre 23 ans pour
voir un meilleur saut en longueur :
Mike Powell, américain lui aussi,
atteint 8,95 mètres lors des
championnats du monde
d’athlétisme de 1991.
Mais Beamon reste jusqu'à ce
jour
le détenteur du record
olympique.