1954. Pour le vétéran Philippe Berthe, le moment est important. Sur son insistance, ses camarades de la 1ère Armée française, celle qui a combattu les nazis dix ans plus tôt, se sont réunis à Paris. Bien sûr, le jeune homme a une idée en tête : il veut... révolutionner le sport français !
En effet, les anciens combattants rassemblés à Paris ont une particularité : tous ont été mutilés durant la Seconde Guerre mondiale. Philippe Berthe lui-même a perdu l’une de ses jambes.
Portrait de Philippe Berthe vers 1955
Une du magazine Radar, 11 mars 1956, "Inouï ! Des grands blessés virtuoses du ski". En bas à gauche : Philippe Berthe sur des skis
C’est justement pour ça qu’il veut créer avec eux uneassociation sportive, la première dédiée aux personnes handicapées.
Si Berthe a eu cette idée, c’est qu’il revient tout juste d’un voyage dans les montagnes autrichiennes où il a appris à faire du ski. L’expérience est une révélation pour le jeune homme : contrairement à l’opinion répandue à l’époque, on peut pratiquer un sport quel que soit son handicap !
À son retour en France, Berthe convainc donc ses anciens camarades de s’y mettre à leur tour. Voilà pourquoi il les rassemble en 1954 : pour fonder ensemble l’ASMF, l’Amicale Sportive des Mutilés de France. Et Berthe est ambitieux...
Il pense que le sport ne doit pas seulement être un moyen de guérir ou de rééduquer les corps. Il s’agit aussi de faire sortir les personnes handicapées de chez elles, de les rendre visibles et de mieux les intégrer dans la société.
Très vite, l’ASMF rencontre un énorme succès. Ouverte à tous, même aux civils, elle envoie dès 1955 des représentants dans descompétitions sportives internationales organisées à Stoke Mandeville en Angleterre. Celles-ci deviendront quelques années plus tard... les Jeux Paralympiques!
Avec le temps, l’ASMF, quant à elle, finit par changer de nom et par fusionner avec de nouvelles associations. Mais grâce à la Fédération Française de Handisport, le combat de Berthe se poursuit : il s'agit de rendre le sport accessible à tous et toutes.
Lancer de javelot de Denis Billy, membre de l'ASMF, Jeux de Stoke Mandeville de 1955
Philippe Berthe (au milieu) lors des Jeux Panhelléniques d'Athènes, entouré d’athlètes français, 1958
"Le nombre de jambes de mes adversaires m’importe peu. Je vais gagner de toute façon." Richard Browne, champion paralympique de course
En savoir plus
Cliquez pour découvrir la traduction de la déclaration des jeux de Stoke Mandeville