Besoin d’un service ?

"Maudits portraits ! Ils m'empêchent toujours de marcher aux grandes choses."

Jean-Auguste-Dominique Ingres

Bonjour,
Aujourd'hui : "Besoin d’un service ?"
Où l’on doit mettre un prix sur ses vieux souvenirs.

1847, Paris. Une vieille dame se rend dans l’atelier du célèbre Ingres, un tableau sous le bras. Elle espère que le peintre pourra lui donner un coup de main…

Cette dame n’est pas n’importe qui. Quarante ans plus tôt, Antonia Duvaucey faisait la pluie et le beau temps à Rome ! Maîtresse d’un ambassadeur, elle était la reine des salons. C’est justement là qu’elle a fait la connaissance d’Ingres.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Autoportrait, 1859, huile sur toile, 65 x 54 cm, Musées d'art de Harvard, Harvard
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À l’époque, Ingres n’est qu’un jeune artiste encore en formation. Son but ? Faire de la grande peinture mythologique. Seulement, cela ne marche pas. On juge ses tableaux trop bizarres : Ingres n'hésite pas à déformer l’anatomie de ses personnages pour les embellir.

Pour gagner sa vie, il n’a pas le choix, il réalise des œuvres qui se vendent facilement : des portraits. Voilà pourquoi madame Duvaucey fait appel à lui. Elle veut le sien !

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Jupiter et Thétis, 1811, huile sur toile, 324 x 260 cm, Musée Granet, Aix-en-Provence
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Ingres choisit de la représenter dans des vêtements simples, seuls les bijoux soulignent son statut. Et l’artiste ne renonce pas à ses idées… Le cou de la jeune femme est trop allongé, tout comme l’un de ses bras. Cela n’a pas empêché le modèle d’apprécier la toile.

Mais, en 1847, Antonia Duvaucey a tout perdu. Si elle se rend chez Ingres, c’est dans l’espoir qu’il l’aide à revendre le tableau. Elle aimerait en tirer un bon prix : entretemps, l’artiste est en effet devenu célèbre.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Portrait de Madame Duvaucey, 1807, huile sur toile, 71 × 56 cm, Musée Condé, Chantilly
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Face à la demande de son modèle, Ingres n’hésite pas une seconde. Il récupère l’œuvre, l’expose à ses frais et trouve un acheteur. La vieille dame est soulagée ! Eh oui, grâce à un portrait commandé à un peintre en mal d’argent, elle est finalement elle-même sauvée de la misère…